Le Musée des Cordeliers : une jolie idée sortie à Saint-Jean-d’Angély !
Le Musée des Cordeliers de Saint-Jean-d'Angély est un endroit à découvrir sans tarder en cette fin d'année. Labellisé "Musée de France", il accueille chaque année de nombreux visiteurs !
En Charente-Maritime, il y a des musées bien connus à l’instar de l’aquarium de La Rochelle ou de la Corderie Royale de Rochefort.
Mais ce que j’aime par-dessus tout, c’est partir à la découverte et pousser les portes des lieux plus confidentiels. C’est le cas pour le Musée des Cordeliers, situé au coeur de la Saintonge, à 30km au nord-est de Saintes, dans la petite ville de Saint-Jean-d’Angély.
Pour ma part, je trouve que Saint-Jean-d’Angély n’est malheureusement pas assez mise en avant, aujourd’hui il s’agit d’une ville endormie. Et pourtant !
Et pourtant ! En parcourant les ruelles, la cité à des richesses à revendre : fontaine du Pilorit, son abbaye royale ou un panel de demeures aristocratiques des XVII et XVIIIème siècles, … Il y a de quoi contenter les amoureux du patrimoine !
C’est ainsi que je suis tombé sur ce joli musée. Il est légèrement excentré du centre-ville et il trône fièrement au milieu de son parc. En le visitant ce fut un vrai coup de foudre, j’ai pu admirer de sublimes collections permettant de véritablement remonter le temps dans la Charente-Maritime d’autrefois.
Un lieu pétri de charme et un acteur majeur de l'histoire de Saint-Jean-d'Angély
Avant d’arpenter les allées de ce lieu extraordinaire, j’aimerai débuter la visite devant la façade principale. Je vais vous conter l’histoire du Musée des Cordeliers. Car oui, l’installation d’un tel établissement culturel ici n’était pas forcément une évidence …
L'hôtel d'Hausen et le premier musée d'archéologie locale
Cette histoire débute dans l’entre-deux Guerres, la ville soigne ses plaies encore vives de la Première Guerre mondiale. Après avoir connu l’opulence et un grand rayonnement due à la présence de grandes familles nobles et industrielles avant la Révolution Française, la ville essayait bon an mal an de se remettre sur pieds pendant le XIXème siècle. Mais c’était sans compter l’arriver du phylloxéra aux alentours des années 1870/1880. Cet insecte nuisible ruine une bonne partie des Angériens qui vivaient de l’agriculture et de l’activité viticole.
Mais ce n’est pas parce que le contexte économique n’est pas très folichon que la culture et ses acteurs locaux n’étaient pas dynamiques. Au contraire ! Nous sommes en 1923 et un petit groupe d’érudits locaux et de passionnés d’histoire se rassemblent et créent la « Société d’Archéologie de Saint-Jean-d’Angély » (le président était alors M. Arthur Bonnet). Le but était alors de mettre en avant le patrimoine et l’histoire de la Saintonge et de la Charente-Maritime. Après quelques années à collecter des objets, le fonctionnement commençait à être un peu archaïque.
Ainsi, c’est dans l’hôtel d’Hausen, à l’angle des rue Valentin et de Verdun que la Société pris ses quartiers à partir de 1935. Dans cette majestueuse demeure construite au XVIIIème siècle, un premier « vrai » musée d’histoire locale ouvrit donc au public. Il faut dire que les collections s’étaient bien agrandies et on manquait de place ! Objets dépendants du patrimoine archéologique en Saintonge, pièces des Beaux-Arts et arts décoratifs, éléments de l’histoire religieuse Angérienne et Charentaise ou encore une formidable collection d’armes anciennes, … La liste est longue en ces années 1930.
L'hôtel d'Hausen : un lieu multifonctions !
Pour information, cette belle maison était la propriété de la famille d'Hausen, membres de la noblesse "de cloche" (anoblis par charge). L'hôtel aurait été construit pour M. Jean-Alexandre d'Hausen qui était receveur des finances royales, conseiller du Roi à Saint-Jean-d'Angély et négociant en bois. Tout à tout, la maison habite un café, une école primaire et le musée nommé ci-dessus jusqu'en 2000.
En plus de détenir de belles collections récupérées au fil du temps, la Société Archéologiques de Saint-Jean-d’Angély peut se targuer de recevoir de belles pièces qui viennent les compléter. Ainsi, ce furent deux grosses campagnes de dons et de legs qui firent décoller la notoriété de ce beau musée local.
- Le premier gros don eut lieu en 1948 par M. Louis Audouin-Dubreuil et en 1959 par M. Maurice Penaud. Ces deux personnages sont importants dans l’histoire du musées. Ils fournissent en effet de merveilleuses pièces en lien avec les expéditions Citroën dans le Sahara durant les années 1920’s.
- Le deuxième legs important se passe en 1986. C’est M. Antoine Laurent, ancien professeur de Lettres Classiques qui donne ses biens culturels. Ce second don est composé essentiellement d’objets relatifs aux Arts-Décoratifs.
2003 : la naissance du Musée des Cordeliers, un pôle culturel indéniable
Dans une volonté de donner un nouvel élan à la vie culturelle de Saint-Jean-d’Angély (et comme nous lavons vu par manque de place et vétusté), l’ancien musée local de 1935 devient le Musée des Cordeliers.
Après quelques mois de travaux, les nouveaux locaux sont inaugurés en grande pompes le 7 juillet 2003. Ce sont les architectes Hervé et Louis Baudouin ainsi que Jean-Jacques Bégué qui sont chargé de la restructuration des lieux. D’après mes recherches, il s’agit alors de répondre à la fois à une volonté de la part de la Ville mais aussi et surtout des habitants qui voulaient alors (re)découvrir les richesses du patrimoine régional. La difficulté était alors de conserver et de promouvoir la façade classée au Monuments Historiques et les élément remarquables du XIXème siècle MAIS aussi et surtout d’installer les collections de l’ancien musée dans des conditions optimales pour éviter leur dégradation.
Autrement dit, il s’agissait ici d’allier modernisme d’un nouveau parcours de visite et préservation du patrimoine bâti. Et personnellement, je pense que quand on voit le résultat, on peut dire que le défi a été relevé haut la main !
Un ancien couvent transformé en musée ...
Le nom du Musée n’est pas donné par hasard. En effet, l’hôtel particulier dans lequel il est installé est sur un ancien site religieux. Il s’agissait d’un couvent accueillant une congrégation religieuse des Cordeliers au XVIIème siècle. Pour information, les Cordeliers suivaient l’ordre de saint François dès le XIIIème siècle. Ayant une pratique rigoriste, ils s’appelaient comme ça en raison de la corde qu’ils portaient sur leur tunique grise !
Le couvent ne survit pas aux affres de la Révolution et le terrain passe de mains en main avant d’arriver dans le giron de l’état. On y construisit alors le superbe hôtel classique entre cour et jardins que l’on peut encore admirer aujourd’hui.
Tout à tour, l’hôtel accueillit les bureaux et l’habitation de la sous-préfecture de Saint-Jean-d’Angély puis un collège avant de devenir la Maison des Associations. Abandonné depuis des années, les lieux ne demandaient donc qu’à vivre une nouvelle jeunesse ! Ce fut chose faites en devenant le joli musée qu’on connaît aujourd’hui.
Une agréable visite familiale en Saintonge à faire en toute l'année !
Des collections dédiées aux expéditions Citroën uniques en France ...
En dehors de son histoire très riche et intéressante, le musée des Cordeliers propose aujourd’hui de nombreuses collections très importantes et précieuses. L’ensemble de ces objets sont organisés en salles gravitants autour d’un majestueux puit de lumière zénithal autour duquel s’enroulent deux escaliers au design épuré. De plus, deux baies percent les étages et permettent aux visiteurs d’envisager tout le parcours de visite. En bref, lors de la rénovation de l’édifice, on a voulu laisser place à la lumière ! Au final, d’un point de vue personnel, j’ai beaucoup aimé me promener dans les salles d’exposition. C’était une expérience très calme et reposante.
Ma visite à commencée au rez-de-chaussée où j’ai pu découvrir de fabuleux objets liés aux 1ères expéditions Citroën qui permirent à deux explorateurs de renom : Louis Audouin-Dubreuil et Maurice Penaud. Ces derniers prennent le volant de véhicules auto-chenilles spécialement construites pour l’occasion pour faire une prouesse mécanique : traverser le Sahara en une seule fois sans escale. Les deux explorateurs sont originaires de Saint-Jean-d’Angély et du sud des Deux-Sèvres. Ils furent recrutés par André Citroën pour effectuer une expédition entre décembre 1922 et janvier 1923.
D’ailleurs, dans cette première partie, vous pourrez retrouver à la fois des vestiges de cette épopée mais aussi des objets ethnologiques et des supports de communication créés par Citroën dans les années 1920’s et diffusées au plus grand nombre. Dans l’entre-deux-Guerres, les français n’était pas très concernés par les expéditions coloniales : autrement dit on s’en fichait un peu. Alors pour susciter l’engouement populaire du métropole, des objets dérivés furent créés : voitures miniatures, théâtres avec sujets mobiles relatant d’expédition ou encore emballages d’aliments … Tout était prétexte pour toucher les foules autour de cette traversée du Sahara. Mais en voulant effectuer ce tour de force, le but était aussi de montrer la solidité et l’adaptabilité des véhicules Citroën dans toutes les situations.
Après avoir vu tout ces objets en lien acec cette histoire digne d’Indiana Jones, je me suis retrouvé face au clou de l’exposition, le « pompon sur la Charente » … Au bout d’une grande galerie obscure, j’ai pu découvrir avec délectation un joyau du patrimoine à la fois local et national … Il s’agit d’une des auto-chenilles Citroën qui fut conduite par Louis Audouin-Dubreuil pour traverser le Sahara ! Elle a été léguée au musée en 1948 et elle est l’unique exemplaire encore vivant car les autres furent détruit dans un incendie d’un entrepôt Citroën durant la Seconde Guerre mondiale.
Le véhicule est de type HP B2 qui en dehors de rouler sur le sable, devait aussi être utile pour l’agriculture.
Cette expédition n’est vraiment pas évidente à comprendre ni à appréhender. Ainsi, ce que j’ai été agréablement surpris par la présence de nombreux cartels explicatifs durant toute cette partie de l’exposition. Tout y est clairement expliqué : les biographies des explorateurs, le fonctionnement de l’auto-chenille et ses composantes, les conditions de voyages, le trajet effectué, … Bref, on s’y croirait presque !
À noter que cette première partie du parcours somme toute assez surprenante pour un musée d’histoire locale s’achève par une très belle présentation de portraits ethnographiques au fusain. J’ai beaucoup aimé ! Cette petite pièce plus confidentielle permet de faire la jonction entre cet univers africain et les autres étages et composantes du parcours d’exposition.
Un fabuleux voyage dans le temps et l'histoire de la Saintonge d'Antan
Une fois sorti de mon voyage saharien, la visite se poursuit dans les deux étages supérieurs. Pour se faire, il faut grimper et longer le fameux double escalier contemporain. Cette véritable colonne vertébrale permet d’apercevoir toutes les strates du musée et d’avoir un oeil sur les collections.
En parlant des collections justement, ces dernières changent totalement dès le 1er étage. Ici, vous pourrez y retrouver une thématique beaucoup moins exotique mais pas loin inintéressante, au contraire !
Le 1er étage est consacré à l’évolution de la vie quotidienne à Saint-Jean-d’Angély. Ainsi, vous pourrez retrouver par exemple un ensemble de mobilier allant de l’Antiquité au XIXème siècle. Ancienne commodes, chaises paillées et rembourrées, anciennes fontaines et tables d’appoint napoléoniennes, … Bref, si vous aimez les arts décoratifs et le mobilier ancien, le Musée des Cordeliers vous ravira à coup-sûr !
La preuve en images :
De même, j’ai été impressionné par la profusion de tissus anciens que l’on peut retrouver sur le mobilier fourré : des rayures, des motifs végétaux ou de simples formes géométriques. Déambuler dans les allées du musée, c’est aussi aller à la rencontre de la mode au fil des siècles !
Enfin, le parcours de visite s’achève au 2ème étage par une magnifique collection d’armes blanches ou à feu (pistolets, mousquets ou autres épées et poignards) datant du XVII et XVIIIème siècles.
De même, au rez-de-chaussée, vous pourrez retrouver une exposition temporaire qui change tous les ans à la Toussaint. Après une exposition consacrée à la mode de l’ancien-régime en Saintonge (que l’on soit paysan ou noble), la nouvelle exposition 2024 est dédiée à la Seconde Guerre mondiale en Charente-Maritime – avec des archives et témoignages d’époque bien entendu !
Focus sur une médiation très bien pensée pour toute la famille !
Avant d’achever cet article et de vous donner les informations pratiques pour visiter le musée, j’aimerai mettre l’accent sur la très belle programmation culturelle et les modules de médiation que vous pourrez retrouver tout au long de l’année :
- Par exemple, une tablette d’interprétation tactile est présente au rez-de-chaussée. Mais si vous venez en famille et que vous avez des enfants, vous pourrez retirer gratuitement un livret jeu. Ce petit fascicule leur permettra de devenir incollables sur l’expédition Citroën !
- De plus, pour 5€/personne (2,5€ en tarif réduit), vous pourrez profiter d’un panel très complet d’animations pour vous aider à mieux vivre et comprendre le musée des Cordeliers et ses collections : des visites guidées ouvertes à tous et des visites ateliers pour les enfants de 3-6 ans et 6-12 ans. Pour cette dernière animation, un temps d’atelier est proposé aux enfants dans une salle dédiée à l’issue d’une visite guidée du musée ! Sympa pour une idée sortie un mercredi après-midi ou pendant les vacances.
- Enfin, le musée des Cordeliers innove avec un escape game familial. Il s’agit d’une formidable expérience immersive qui vous embarquera dans l’univers des expéditions Citroën en plein milieu du Sahara ! Date : Les dimanches après-midi à 15h (groupes de 8 personnes maximum).
Infos pratiques
Tarif : Accès gratuit pour tous.
Horaires : de juin à septembre du mardi au dimanche (10h30-12h30/14h/18h)
- octobre à mi-juin du mercredi au dimanche (14h à 18h)
Le musée des Cordeliers est un site culturel plutôt confidentiel mais qui mériterai d’être davantage connu. Avec ses collections centrées autour des expéditions Citroën uniques en France et des sujets plus locaux, ce joli musée situé au coeur de Saint-Jean-d’Angély ne vous laissera pas indifférent.
Si vous avez encore un peu de temps après votre visite et que vous souhaitez découvrir la ville, je vous recommande d’aller dans le joli parc arboré du musée mais vus pourrez aussi aller flâner le long des façades d’hôtels particuliers du XVIII et XIXème siècles (notamment rue Valentin, des Gentilhommes ou de Jélu).
