Située au large de Rochefort, l’île Madame est le plus petit espace insulaire de l’archipel charentais. Dotée d’une histoire riche et de resources naturelles exceptionnelles, ce n’est pas pour rien que chaque année, de nombreux visiteurs arpentent ces 75 hectares !
Je me suis rendu sur l’île Madame en août 2021. Il y a presque un an tout pile.
Au-début je ne connaissais rien de ce petit bout de terre si ce n’était qu’on pouvait y accéder à pieds quand la marée était basse.
Ainsi, dans cette balade, je vous emmène avec moi en excursion, à la découverte de l’île Madame !
Le passé mouvementé de l'Île Madame
Ce n’est pas parce qu’on fait seulement 1km2 de circonférence qu’on n’a rien a dire … bien au contraire ! Si l’île Madame pouvait parler, elle nous tiendrait le crachoir des heures durant tant son histoire est remplie de faits marquants.
Car oui, fouler l’île Madame c’est aller à la rencontre de plusieurs siècles d’histoire avec un grand « H ». Peines, douleurs et chagrin, … tels sont les mots que j’emploierai ici pour décrire ce qu’il s’est passé sur l’île Madame, la plus petite île du Golfe de Gascogne …
Vous avez dit île "Ma Dame" ?
Avant toute chose, il faut que je vous dise quelque chose : avant le XVIIIème siècle, il est très difficile de trouver des informations sur l’histoire de ce petite territoire (après des jours de recherches, je n’ai pas réussi à trouver de renseignements croustillants à me mettre sous la dent !).
Cette île à l’allure insignifiante a toujours suscitée l’intérêt des monarques français depuis le XVIème siècle. En effet, l’île Madame est située à l’entrée exacte de l’estuaire de la Charente. Ce fleuve Charente est important d’un point de vue stratégique puisqu’il mène directement à l’Arsenal de Rochefort édifié en 1666 par François Blondel sur ordre de Louis XIV et Colbert.
Au XVIIème siècle la France est en concurrence et en conflit avec les Anglais. En effet, la Perfide Albion (comme on appellera l’Angleterre à partir de 1793) souhaite calmer l’hégémonie et les ambitions de son voisin d’outre-Manche le Roi Soleil. C’est dans ce contexte belliqueux que Louis XIV s’intéresse à l’île Madame : elle servira de poste de défense stratégique pour surveiller la Charente et Rochefort ! Des fortifications sont alors érigées et un four avait même été construit exprès pour fabriquer des boulets pour recevoir les anglais (voir partie 2).
Tiens d’ailleurs, en parlant de Louis XIV, saviez-vous que c’était en partie grâce à lui que l’île Madame s’appelle ainsi ? En effet, avant d’être doté d’un rôle militaire, cette dernière que l’on appelait alors « Île de la Garenne » était connue pour tout autre chose. C’est ici que vivaient une multitude de lapins de garenne. L’île Madame servaient alors de réserve de chasse privée pour les seigneurs locaux. Quelques années plus tard, (et sur volonté de Louis XIV), l’île de la Garenne devient l’île Madame et passe d’une terre paradisiaque pour lapins à un espace militaire. Durant ces années de militarisation de l’île, une hypothèse nous dit que le Roi Soleil décide de la donner à Anne de Rohan-Soubise, une des favorites du roi. Seulement, au XVIème siècle, deux femmes répondants au nom de « Anne de Rohan » existaient dans le royaume de France : en plus de la princesse Anne de Rohan qui était en Cour à Versailles, une seconde, Anne de Rohan était l’abbesse de l’Abbaye aux Dames de Saintes, qui possède une seigneurie le long de la Charente (actuelle commune de Soubise). Ainsi, l’origine du nom de l’île Madame viendrait bien du nom d’Anne de Rohan : maintenant impossible de savoir au jour d’aujourd’hui de quelle « Anne » il s’agissait.
L'île Madame prise dans le tourment révolutionnaire
Fort heureusement, l’île Madame n’a jamais été inquiétée d’une quelconque attaque des anglais. Les fortifications tombent petit à petit en désuétude dès le début du XVIIIème siècle.
Ce n’est qu’à partir de la Révolution de 1789 que l’île est de nouveau embarquée dans les effluves de l’Histoire nationale. Dès 1793 Robespierre inaugure La Terreur, un régime autoritaire et sanguinaire. Autrement dit : fini les complaisances avec l’aristocratie et le corps religieux. Ces derniers sont accusés et reconnus coupables de trahisons envers les idées de la Révolution. Durant ces années noires où chacun est suspecté de traitrise, de nombreuses prisons ouvrent en France. En Charente-Maritime de nombreux lieux sont connus – comme la citadelle de Brouage – pour avoir accueillis des centaines de prisonniers entre 1793 et 1796.
C’est donc dans ce contexte très anxiogène et de chaos politique que de nombreux prêtres et femmes d’Église sont arrêtés. Le motif ? Avoir trahis le nouveau régime en refusant de prêter serment au nom de la nouvelle Constitution Républicaine. La Révolution – et plus particulièrement la Terreur – est une période où l’on cherche à supprimer toute référence à la monarchie. C’est ainsi que l’île Madame est rebaptisée temporairement « île Citoyenne ». Elle accueille des centaines de prêtres dès le début de l’année 1794. Ces hommes d’Église arrêtés venaient de toute la France. Ces prêtres étaient en route pour le bagne de Cayenne. En d’autres terme, l’île Madame devient une prison et un mouroir à ciel ouvert ! Nous en reparleront dans la troisième partie de cette article (consacrée à des destins et portraits de prêtres déportés).
En introduction de cette première partie, je vous parlait de « douleurs » et de « chagrin » pour qualifier l’histoire de l’île Madame : et bien c’est à cet épisode tragique et peu glorieux de l’Histoire de France auquel je faisais référence.
La renaissance de l'île Madame aux XIXème et XXème siècles
Après les affres de la Révolution, l’île Citoyenne retrouve sa quiétude jusqu’au milieu du XIXème siècle. Son nom originel est repris dès 1841 dans un contexte de tensions avec l’Angleterre. En 1847, l’île Madame reprends son rôle défensif : le fort présent sur lace devient une caserne militaire, elle accueille 250 hommes en garnison. À l’issue de cet épisode de sursaut, l’île Madame s’endort de nouveau et est démilitarisée.
Mais voilà, cette tranquillité de l’île Madame va de nouveau être perturbée par un évènement de l’Histoire de France … La Commune de Paris (insurrections parisienne de 72 jours entre 1870 et 1871 pour protester la soumission de la France envers les armées Prussiennes de Bismarck). Cette Commune est matée par de nombreux massacres (entre 20 000 et 30 000 morts).
Une fois les communards arrêtés, certains sont envoyés en déportation au bagne ou dans des endroits inhospitaliers du territoire métropolitain. C’est ainsi que l’île Madame devient un bagne pour les prisonniers de la Commune dès le début des années 1870’s. On estime qu’il y aurait eu jusqu’à 1250 détenus dans l’île (le fort du XVIIème siècle a été réhabilité en bagne). Les prisonniers creusent des puits et cultivent les terres dans des « Jardins Disciplinaires » majoritairement constituées de de vignes par exemple.
Le bagne de l’île Madame ferme ses portes en 1872, la prison aura été active seulement 11 mois.
À l’issue de cette seconde période de tourments, l’île Madame retrouve définitivement son calme. Le fort devient alors un centre de vacances dès la fin du Second Conflit mondial. En fouillant dans les archives, j’ai pu retrouver la trace de cet ancien complexe de loisirs.
En voici quelques exemples ci-dessous :
L'Île Madame : une visite au rythme des marées et de la biodiversité ...
En dehors d’une histoire poignante et rocambolesque, ce qui m’a frappé lors de mon passage sur l’Île Madame c’est le calme ambiant. Il y a ici comme une impression d’arrêt sur image. L’ensemble de l’Île étant propriété du Conservatoire du Littoral Charentais depuis 1994, le visiteurs doit donc faire attention lors de son exploration pour ne pas déranger ou dégrader la nature et les espaces naturels.
Vous l’aurez compris, l’Île Madame est VRAIMENT une destination « Nature », idéale pour déconnecter durant une demi-journée d’été … Dans cette seconde partie, je vais donc vous proposer une petite liste des points phares à voir absolument lors de votre visite dans l’Île Madame.
Allez, c’est parti !
L'île Madame : une territoire dans un écrin de verdure en Charente-Maritime
Découvrir l’Île Madame c’est avant tout prendre son temps. Prendre son temps de découvrir les richesses naturelles exceptionnelles présentes sur ce petit bout de terre insulaire. Ayant déjà visité l’île d’Aix il y a quelques années, je m’attendais à trouver une île préservée avec quelques maisons et bâtiments touristiques (restaurants, échoppes d’artisans, église, …).
Et bien je peux vous dire que j’ai été surpris : l’île Madame est un territoire quasi désert de toute activité humaine. Même si le paysage est bien entendu anthropisé (façonné de la main de l’Homme au fil des siècles), il n’y a presqu’aucune âme qui vive ici : la nature est Reine. En clair, si vous êtes adepte du « slow tourism » (tourisme lent), c’est ici qu’il faut venir !
Ce que je trouve très sympa ici c’est que les sentiers de balade sont très bien indiqués. Si comme moi, l’orientation n’est pas votre point fort, je peux vous le garantir : impossible de se perdre sur cette île. En effet, il n’existe qu’un seul chemin principal de 6km de long qui fait le tour de l’île Madame.
Lorsque vous arrivez de l’Île Madame après avoir emprunté La Passe au Boeufs (voir ci-après), deux possibilités s’offrent à vous : une route à gauche et une route à droite. C’est par ce côté que je vous recommande de débuter la visite. Longez le rivage et n’hésitez pas à vous arrêter pour observer l’horizon. vous pourrez apercevoir le clocher de Fouras les Bains ou la Pointe de la Fumée d’où partent les bacs pour l’île d’Aix.
Cette petite route est la seule voix goudronnée de l’île. Quittez-là et continuez tout droit sur un sentier ombragé pour vous enfoncer dans la végétation. D’ailleurs, en étant attentifs et avec un peu de chance, vous pourrez comme moi, tomber sur des bosquets de mures ou de fraises sauvages. Un régal !
De plus, n’hésitez pas à quitter le sentier principal de temps à autre pour apercevoir de superbes points de vue sur les carrelets de pêcheurs ou sur le Fort militaire aux détour d’un buisson ou d’un bois sont absolument à découvrir.
Je vous laisse un petit aperçu juste ici :
En continuant votre périple le long du chemin principal, vous pourrez appréhender et découvrir les principaux sites de l’île Madame.
Ce qui m’a également frappé lors de mon passage sur l’île Madame, c’est la diversité des territoires sur un si petit territoire. Autrement dit, en moins de 100m le visiteur peut passer d’une forêt ombragée et un marais salant avec de nombreuses espèces d’oiseaux. Ce changement soudain de paysages de manière très rapide me rappelle un peu l’île d’Aix : il flotte ici comme un vraie impression de douce solitude face aux agressions extérieures du continent. Et ça c’est vraiment très appréciable !
Sentiers de sable, petits ponts de bois, chemins dérobés, nature omniprésente … l’île Madame constitue une vraie destination intime et préservée. C’est donc l’idéal pour les fans de slow-tourisme !
Le conseil de Nico'
Pour une visite optimale et en toute sécurité, je vous recommande de vous munir de bonne chaussures de marche (sentiers escarpés et quelques rochers). Les claquettes et baskets d'été sont donc à proscrire !
De même, un chapeau et une bouteille d'eau/gourde sont à prévoir si vous visitez l'île Madame en été (une partie de l'île est à découvert en plein soleil).
L'île Madame au rythme des marées : entre beauté et danger !
La Passe aux Boeufs
Comme son nom l’indique, l’île Madame est … une île. Entourée d’eau et dépourvue de pont contrairement à ces grandes soeurs Oléron et Ré, il n’est pas possible de la rejoindre à n’importe quel moment de la journée.
Mais comment y accéder sans se mouiller ? Pas de panique, je vous explique tout !
L’île Madame c’est un peu comme le Mont Saint-Michel : un passage se découvre aux rythme de la marée. Autrement dit, une bande de sable appelée tombolo se découvre à marée basse et est submergé en cas de marée haute. Ainsi, l’île Madame se retrouve coupée du continent au moins 2 fois par jour (toutes les 6h00) : et ça c’est unique ! Les marées et l’océan rythment les passages sur l’île.
Ce petit passage s’appelle « La Passe aux Boeufs« . Drôle de nom n’est-ce pas ? Pour être franc, je n’ai pas trouvé beaucoup d’informations à son sujet si ce n’est que ce nom est déjà utilisé au milieu du XVIIIème siècle. Cependant nous pouvons émettre l’hypothèse que l’origine du nom vient d’une potentielle transhumance quotidienne de bovins de Port des Barques dans les prés de l’île ?
Il existe trois moyens pour passer ce petit passage :
- À pieds/vélo,
- En voiture
- En calèche
Personnellement je vous recommande d’y aller à pieds (le passage de La Passe aux Boeufs fait littéralement partie de la découverte de l’île). Ce passage est fréquenté par de nombreux marcheurs chaque année. Et je les comprends : emprunter la Passe aux Boeufs à pieds ou à vélo c’est effectuer une douce déambulation sur l’estran bercé par les embruns marins et le soleil ! Ça fait rêver …
Le conseil de Nico'
Le passage de La Passe aux Boeufs dure 30min environ. Lors de votre traversée, n'hésitez pas à vous arrêter de temps à autre pour observer le paysage. Avec un peu de chance et si le ciel est dégagé, vous pourrez apercevoir Fouras ou encore la Pointe de la Fumée.
De plus, vous pourrez avoir l'occasion de voir les richesses naturelles qu'offre l'île Madame : des oiseaux (comme les aigrettes) ou la salicorne qui se consomme en salade par exemple !
À noter que le chemin n'est pas adapté aux personnes à mobilité réduite (déambulateurs, chaises roulantes, ...). Dans ce cas mieux vaut prendre la voiture.
ATTENTION : La marée peut être dangereuse !
Avant de poursuivre la balade, j’aimerai vous faire un petit topo sur les marées. Comme je le disais juste avant, ce sont ces dernières qui orchestrent le passage entre l’île et le continent. Ainsi, quel que soit le mode de traversée choisi : renseignez-vous sur les horaires des marées pour éviter d’être coincés.
Le chemin étant assez chaotique, la traversée en voiture peut prendre du temps : il faut donc l’anticiper pour éviter de se retrouver encerclé par l’océan (comme en 2017 avec une famille qui a vécu une petite mésaventure …).
La plateforme de sauvetage de la Passe aux Filles : un eldorado en cas de montée des eaux ...
Lors de votre balade le long du sentier côtier au nord de l’île, vous pourrez comme moi, descendre sur l’estran au nord de l’île. Ce petit détour sur le rivage vous permettra de flâner entre les rangées d’huîtres typiques de la côte charentaise. Un paysage unique qui vaut le détour !
Le nord de l’île Madame offre un point de vue exceptionnel sur le célébrissime Fort-Boyard. En marchant sur le rivage au niveau de La Passe aux Filles, j’ai pu m’avancer au plus prêt de l’édifice (à quelques kilomètres seulement !). Cette balade sur l’estran à marée basse peut constituer une avancée à 2/3km de l’île Madame. C’est l’occasion d’avoir un panorama sans nulle pareille sur ce territoire insulaire : l’arrière du fort militaire, sur la maison de gardien et les falaises blanches. Un point de vue extraordinaire que je n’avais que très rarement vu lors de mes pérégrinations charentaises.
S’avancer entre les parcs ostréicoles c’est découvrir un paysage et une ambiance étrange : un sentiment lunaire, calme et serein ! À noter que les huîtres élevées tout au long de l’année sur l’estran sont revendus directement à la ferme ostréicole quelques centaines de mètres en amont : directement du producteur au consommateur. On ne peut pas faire plus local.
En arrivant au bout de la zone de l’estran sorti de mer, je suis tombé sur une drôle de plateforme ressemblant à un gros perchoir à oiseaux. Cette dernière faisant 5 à 8m de hauteur environ, on se sent tout petit à ses pieds ! Cette plateforme est très utile sur l’île Madame car elle sert de refuge pour les ostréiculteurs ou les promeneurs malchanceux qui se seraient fait piégés par la montée de la marée. Pratique non ?
La plateforme étant pile poil dans l’axe de Fort-Boyard, j’ai eu une idée : et si je montais en haut de la structure pour avoir une photo unique du monument ? Sur le papier ça paraissait être simple comme expédition … Seulement voilà, si je n’ai pas eu de difficultés particulières pour monter, une fois en haut, ce n’était pas la même histoire.
Imaginez : une plateforme exiguë bourlinguée par le vent avec une petite barrière à mi cuisse. Je vous avoue que j’ai vite déchanté : j’ai eu le vertige. Devait donc arriver ce qui arriva : j’ai mis 30min à redescendre sur le plancher des vaches 😂 !
Petit conseil : Si comme moi, vous souhaitez tenter l’ascension de la plateforme de sauvetage pour faire de beau clichés, je vous recommande de faire TRÈS attention. Les risques de chute sont réels. Il ne faut donc pas avoir le vertige !
En définitive, malgré de nombreuses richesses naturels et des points de vue somptueux sur l’estuaire de la Charente, les marées peuvent rendre l’environnement très dangereux.
Le conseil de Nico'
L'île Madame est très prisée tout au long de l'année par les amateurs de pêche à pied sur l'estran. Chaque année de nombreuses personnes pratiquent cette activité ludique à faire absolument en famille !
Petit "Island-Guide" : les incontournables de l'Île Madame
Après vous avoir conté ces quelques péripéties et expliqué le rôle très important des marées dans la préparation d’une visite dans l’île Madame, je souhaiterais maintenant vous dévoiler les principaux lieux à voir et à visiter. En clair, je vous ai préparé 5 points incontournables à faire si vous êtes de passage dans l’île Madame.
Vous me suivez ?
La ferme ostréicole
La ferme actuelle date des années 1980’s. D’après les informations que j’ai pu glaner, à l’origine, cette dernière était spécialisée dans l’élevage de palourdes. Ces activités se sont diversifiées tant et si bien qu’aujourd’hui la ferme de l’île Madame produit à la fois : des moules, des huîtres et des palourdes.
En menant ma petite enquête en archives, j’ai pu retrouver deux traces d’une exploitation antérieure située sur la propriété de l’actuelle ferme. Cette première ferme existait déjà au XVIIèmes siècle. Il s’agissait d’une métairie en « U » composée d’un corps de bâtiments d’exploitation et d’une chapelle. La ferme était encore debout dans les années 1950’s, date à laquelle cette dernière elle est tombée à l’abandon. La Chapelle quant-à est tombée en ruine un siècle plus tôt.
Comme vous pouvez le constater sur cette carte postale datant de 1890’s à 1910 environ, la ferme hébergeait plusieurs personnes (et même plusieurs familles !). D’après un recensement de 1851, j’ai découvert qu’une famille de fermiers y résidait : il s’agissait d’André Blanchard – 32 ans – et Marie Vieul, sa femme – âgée de 25 ans. Le couple avait un fils, Auguste alors âgé d’1 an.
Cette famille se partageait les bâtiments avec les parents de Marie, Vincent Vieul et sa femme Rose Vincent. Ainsi, il y avait donc 3 générations du petit fils aux grands parents réunis sous le même toit de la ferme de l’île Madame en 1851 !
Il est intéressant de constater que la ferme hébergeait aussi des domestiques et des servantes. Ces derniers pouvaient aussi bien être employés comme main d’oeuvre pour aider à la ferme, qu’aide pour la famille du gardien dans leur maison un peu plus loin sur l’île ?
Voici la liste du personnel de maison habitant dans la ferme retrouvé en archive :
- Rose Chupeaux – 18 ans – servante
- François Chupeaux – 16 ans (peut être le frère de Rose ?) – domestique
- Éliza Soulard – 21 ans – servante
- François Le Blanc – 17 ans – domestique.
Aujourd’hui la ferme accueille des visiteurs tout au long de l’année avec une boutique de produits locaux (du sel, de la salicorne ou encore des fruits de mers et produits dérivés). Personnellement j’y ai acheté 1 pot de sel, il était très utile et qualitatif pour relever mes plats !
La ferme est le seul bâtiment privé de l’île. En complément de cette activité elle propose de délicieuses glaces faites maison que vous pouvez déguster en extérieur sous un parasol ou à l’intérieur dans une salle de restaurant chaleureuse et ouverte au quatre vents.
Cette petite pause fraîcheur est vraiment la bienvenue après avoir réalisé la moitié du parcours sous le soleil et marché sur l’estran ! Un vrai régal qui redonne des forces pour la fin de la visite …
La maison du Gardien
La maison du gardien est constituée de deux bâtiments. Ces derniers sont situés entre le fort militaire et la ferme ostréicole. En empruntant le sentier principal, vous passerez juste devant : impossible de la manquer ! Comme la ferme, ces demeures ont une histoire particulière. Érigées au XVIIème siècle, elles sont les seules vestiges des premières fortifications de l’île avant la construction du fort principal quelques mètres plus loin.
Ces deux maisons avaient un rôle d’habitation et de défense : pourvues de canons, elles servaient à protéger l’entrée de l’estuaire de la Charente contre de potentielles agressions anglaises.
Quelques années plus tard, un fort plus imposant est édifié. Les deux maisons sont alors transformées en maisons d’habitation pour le gardien général du Fort et en chapelle pour la seconde partie. Ces deux demeures sont ensuite rachetées par des particuliers et sont aujourd’hui des propriétés privées.
Fait intéressant : D’après une carte postale du début du XXème siècle, il est dit qu’un certain « Fournon » y aurait séjourné. Il s’agissait du pourvoyeur du fort en 1794. Autrement dit, sa mission était de surveiller les prêtres déportés sur l’île durant la période de la Terreur. Les deux maisons on pu également servir de logement pour le commandant du Fort durant la période de la Commune entre 1871 et 1872.
Toujours d’après cette carte postale, il devait y avoir une chapelle commémorative à coté de la seconde maison mais cette dernière à dû être détruite (en tout cas je ne l’ai pas vue lors de mon passage sur place).
Le puit des prisonniers (ou des Insurgés)
L’ensemble immobilier appelé « Maison du Gardien » n’est pas le seul élément remarquable en terme de patrimoine sur l’île Madame. En effet, c’est en arpentant le sentier principal, au détour du bois, que je suis tombé nez-à-nez avec le Puit des Insurgés.
Une merveille architecturale ! Il s’agit d’un « puit citerne » : son socle est situé sur une citerne qui capte l’eau dans une source située à proximité. Ces puits étaient assez communs dans le 3ème tiers du XIXème siècle. Avant la construction du Puit, une citerne primitive existait déjà selon un document de 1755. Cette dernière devait être conséquente puisqu’elle pouvait fournir de l’eau de qualité pour 250 hommes en garnison dans le fort.
Le puit a été édifié en 1871 par les détenus Communards : la main d’oeuvre était robuste et gratuite ! Ce qui est assez fou, c’est que ce puit était originellement érigé sur un remblai collé à la falaise. Il se désolidarise de l’île Madame à cause d’un ras-de-marée qui fracasse la côte et la paysage de l’estuaire charentais en 1876.
Me retrouver devant ce puit est assez émouvant puisqu’il est un des vestiges et un témoignage direct de l’histoire de l’île Madame post-Révolution. Mais ce puit nous montre également la volonté de la jeune 3ème République de moderniser le territoire et les équipements militaires en les dotant d’eau semi-courante. La mise en place des puits peut être aussi être considéré comme une manière de lutter contre les maladies insulaires et des marais comme le typhus (amené par les poux ou les rats) ou le choléra (dû à une consommation d’eau de mauvaise qualité).
Le Fort de l'Île Madame
Nous l’avons évoqué il y a quelques instants : l’ancien fort militaire est l’incontournable lorsque vous visitez l’île Madame. Pour rappel, ce fort a servit à tour de rôle de base militaire pour protéger l’entrée de la Charente, de prison pour des prêtres réfractaires lors de la Terreur et de bagne pour les Communards au début des années 1870’s.
Mais qu’en est-il de l’intérieur du fort ? Comment est-il organisé ? Tant de questions auxquelles je vais essayer de répondre brièvement.
Après avoir mené mon enquête, ce fort aurait été construit entre 1695 et 1703 (ou 1704 selon les sources). Il a été édifié pour venir remplacer deux batteries militaires construites cent ans plus tôt. Le fort est sorti de terre grâce aux plans et à l’expertise de Mr Rousselot. Pour se faire une fortification en étoile inspirée du savoir-faire de Vauban est choisie. En clair, l’édifice est composé de nombreux éléments : une redoute (bâtiment principal) et d’autres bâtiments annexes.
En fouillant dans les archives, j’ai pu trouver un plan datant de 1752. Ce dernier est très précis sur l’organisation du fort de l’île Madame au milieu du XVIIIème siècle. Sur ce plan, nous pouvons apercevoir plusieurs espaces disposés en « L » :
- Une caserne (à droite de l’édifice sur la photo ci-dessus),
- Un corps de garde situé dans le prolongement à gauche,
- Un magasin de poudre situé dans les secondes fortifications à gauche,
- Un arsenal situé à l’extrémité gauche du bâtiment,
- Des latrines,
- Un puit situé dans la cour principale,
- Deux pontons de pierre représentants les deux entrées du fort,
J’ai aussi réussi à trouver une reconstitution sous forme de dessin de l’intérieur du fort lorsqu’il était relégué en prison pour les Communards en 1871. D’après l’angle de la représentation, la scène se déroule aux pieds de la façade ouest (en haut) sur le plan de 1752.
Nous pouvons apercevoir le point d’entrée en pierre allant de droite à gauche et le bâtiment de la rotonde à droite (il s’agirait des latrines et de l’arsenal (points 4 et 5).
Le conseil de Nico'
À noter que le fort de l'île Madame se visite tout les étés (il suffit de se présenter à l'entrée du fort - empruntez le chemin rentrant à l'intérieur de l'île dans la pinède aux environs du puit des Insurgés).
Les Carrelets de l'île Madame
Sur l’île Madame, il n’y a pas que le patrimoine militaire qui est visible. En effet, on y trouve aussi un élément du patrimoine maritime très importante et typique de la Charente-Maritime.
Tout au long de l’île, une vingtaine de carrelets de toutes les couleurs se dévoilent au visiteur. Pour rappel, un carrelet est une ancienne cabane de pêcheur typique du littoral atlantique. Avec de grands filets, le pêcheur pouvait faire remonter des crustacés (crevettes, crabes, …) ou des poissons.
Même si la plupart des carrelets sont aujourd’hui désaffectés ou réorganisés en résidence de vacances, ces dernières n’ont pas perdus de leur charme. Je vous laisse quelques photos prises sur le vif pour en profiter …
Les prêtres déportés de l'Île Madame : portraits et destins particuliers
Je vous en parlait dans la première partie de cette balade, l’île Madame à beau être un endroit paradisiaque pour les amoureux de nature et de calme loin des sentiers battus : elle n’en reste pas moins un territoire marqué avec un passé très sombre.
C’est que ce j’aimerais évoquer simplement. Vous l’aurez compris, dans cette dernière partie de la balade nous allons parler de l’épisode peu glorieux des Pontons de Rochefort et de la déportation de centaines de prêtres durant la période de la Terreur.
Les Pontons de Rochefort : des "bateaux-mouroirs" au large de l'île Madame
Ils étaient 829. Huit cent vingt neuf prêtres de toute la France qui ont soufferts à l’île Madame dans le cadre de la politique de répression mise en place par Maximilien de Robespierre entre 1793 et 1794.
Durant mes études je me suis penché sur cette période pour essayer de comprendre comment un régime autoritaire pouvait décider de l’arrestation et du droit de vie ou de mort sur des milliers de personnes (nobles, bourgeois ou Hommes/Femmes d’Église). Cette question me taraudais : c’est pour cela que j’ai décidé de travailler sur ce sujet dans le cadre d’un de mes mémoires de recherches.
Cette période que nous appelions Terreur commence le 5 septembre 1793 et s’achève le 24 juillet de l’année suivante. Ce régime est symbolisé par Robespierre qui fait la « chasse aux suspects« . Autrement dit : toute personne représentant une menace directe ou indirecte envers la jeune République se verra arrêtée immédiatement et sera le plus souvent emprisonnée et condamnée à mort.
Pour illustrer mon propos, voici les deux premiers articles de la Loi des suspects instaurée en 1793 :
Loi des suspects (17 septembre 1793)
Art. 1er. Immédiatement après la publication du présent décret, tous les gens suspects qui se trouvent dans le territoire de la République, et qui sont encore en liberté, seront mis en état d’arrestation.
Art. 2. Sont réputés gens suspects : 1° ceux qui, soit par leur conduite, soit par leur relations, soit par leur propos ou leurs écrits, se sont montrés partisans de la tyrannie ou du fédéralisme, et ennemis de la liberté ; 2° ceux qui ne pourront pas justifier, de la manière prescrite par le décret du 21 Mars dernier, de leurs moyens d’exister et de l’acquit de leurs devoirs civiques ; 3° ceux à qui il a été refusé des certificats de civisme ; 4° les fonctionnaires publics suspendus ou destitués de leurs fonctions par la Convention nationale ou ses commissaires, et non réintégrés, notamment ceux qui ont été ou doivent être destitués en vertu du décret du 14 août dernier ; 5° ceux des ci-devants nobles, ensemble les maris, femmes, pères, mères, fils ou filles, frère sou sœurs, et agents d’émigrés, qui n’ont pas constamment manifesté leur attachement à la révolution ; 6° ceux qui ont émigré dans l’intervalle du 1er juillet 1789 à la publication du décret du 30 mars – 8 avril 1792, quoiqu’ils soient rentrés en France dans le délai fixé par ce décret, ou précédemment.
C’est dans ce contexte anxiogène de délation et de suspicion constante que des centaines de prêtres dits « réfractaires » (ayants refusés de prêter serment sur la Constitution) sont arrêtés dans toute la France et amené de force à Rochefort dès le début de l’année 1794.
Le projet initial était d’envoyer tout le monde au bagne de Cayenne. Cependant ce dernier était déjà complet. Ainsi, après avoir fait patienté les détenus à Rochefort une solution surprenante est trouvée. Les prêtres seront enfermés sur l’eau, dans d’anciennes goélettes négrières (l’esclavage ayant été aboli quelques mois plus tôt par la Constitution). Ces navires négriers étant équipés pour transporter des humains : trois d’entre eux ont donc été réquisitionnés. Voici les nom et l’utilisation de ces trois « bateaux-mouroirs » :
- Le « Washington » était réservé aux prêtres en bonne santé ne présentants pas de maladie ou de blessure graves.
- « L’Indien » servait de navire-hôpital. C’est dans ce dernier que les détenus gravement malades ou mourants étaient gardés.
- Les « Deux Associés » était un navire de convalescence pour les prêtres guéris. Ces derniers passaient sur ce navire quelques jours avant de rejoindre leur cellule flottante sur le « Washington’.
Privations, maladies, intimidations, menaces, torture, … au total, 547 prêtres/829 meurent sur les Pontons de Rochefort et l’Île Madame durant leur 10 mois de détention.
Une déportation inhumaine encore visible et commémorée aujourd'hui
Les conditions de détention
Dans le point précédent, je viens d’évoquer le contexte dans lequel ces prêtres avaient été arrêtés et déportés. Seulement, j’aimerai maintenant vous expliquer les conditions précises dans lesquels ces derniers vivaient. Vous vous en doutez certainement mais ces conditions de détention n’étaient pas joyeuses : loin de là.
Pour se faire, j’ai retrouvé le témoignage d’un prêtre fait prisonnier. Il s’agit d’un témoignage anonyme de mars 1794 d’un homme d’église venant de Saintes faisant partie des survivants : une fois libéré, comme beaucoup de prêtres, il rédige ces mémoires pour ne pas que les Pontons de Rochefort ne tombent dans l’oubli.
Ce prêtre a été enfermé sur « Les Deux Associés ». Il nous raconte son périple entre Saintes et Rochefort. Avec d’autres hommes d’église, ils remontent la Charente et font étape jusqu’à Saint Savinien sur Charente. Les prêtres arrivent à Rochefort au bout d’une semaine. Une fois sur place, ils sont fouillés et interrogés à l’Arsenal par un des représentants de la Terreur.
Les trois anciens bateaux négriers arrivent dans la rade de Rochefort. Les prêtres sont embarqués en croyant aller à Cayenne.
Les hommes d’églises sont entassés les uns sur les autres. Toujours d’après le témoignage du prêtre, ils étaient 94 personnes entassées dans le fond de cale de 36 pieds de long sur autant de large (10m sur 10m soit 20m2). Les prisonniers n’avaient que 10 pouces de largeur et 4,5 pieds de longueur par personne : soit un espace de 30cm sur 1,5m. Les hommes d’église vivent un enfer : surveillés et intimidés jour et nuit par des sentinelles armés et des canons pointés sur eux. Par exemple, au moindre bruit trop élevé de nuit comme de jour, les sentinelles exécutent le trouble-fait sans sommation.
Quelques jours après leur arrivée sur le navire, les prêtres sont de nouveau fouillés et dépouillés : on ne peut laisse seulement leurs vêtement, trois chemises, une paire de bas et quelques mouchoirs. Bien entendu, au fond de la cale, aucune lumière ne filtrait. La cale n’était aérée que 10min par jour et un seul seau situé au fond était prévu pour que chacun puisse faire ses besoins : autant vous dire que l’hygiène et l’odeur devait être abominable.
Les prêtres étaient condamnés à être assis 14h/24h par jour sur le plancher du bateau. Ils étaient nourris avec les restes que l’on donnait aux équipages. En guise d’instruments pour se nourrir, un gobelet, un couteau et une cuillère étant prévus pour 10 personnes environ. Ces ustensiles servaient également d’outils de rasage !
Ces conditions de détentions inhumaines et déplorables favorisent les épidémies de scorbut. Cette maladie fait des ravages sur les « Deux Associés » au début de l’été 1794, tant et si bien que les officiers du navire demandent l’affretement d’un navire hôpîtal en urgence pour traiter les prêtres malades. Cet hôpital flottant sera envoyé sous le nom de l’« Indien« . Mais malheureusement pour les prêtres souffrants du scorbut : être pris en charge sur ce navire sera loin d’être une sinécure. Allongés nus, à même le sol à côté des rats, condamnés à boire de l’eau croupie, les malades étaient laissés à l’abandon dans leurs excréments dans des geôles jusqu’à mort s’en suive.
Les traces des martyrs sur l'île Madame : entre commémoration et pèlerinages
Si vous visitez l’île Madame, vous ne pourrez pas manquer cette grande croix en galets posée à même le sol. D’une longueur d’une dizaine de mètres, cette dernière est très impressionnante.
Elle a été confectionnée d’année en année depuis 1913 par les nombreux pèlerins qui viennent commémorer le martyr des prêtres déportés. La croix n’est pas installée à cet endroit par hasard : c’est ici que le 12 décembre 1913, quatre dépouilles de prêtres ont été découvertes par le chanoine Lemonnier de Port des Barques.
Ainsi, depuis le début des années 1920’s, un pèlerinage sous forme de procession catholique a lieu tout les mois d’août au départ de la Port des Barques jusqu’au site où ont été découvertes les ossements.
Comme en témoignent ces cartes postales, le pèlerinage était très important pour les populations locales, régionales et nationales : on venait de Royan, Saintes, La Rochelle et même de toute la France pour rendre hommage aux 254 prêtres décédés sur l’île Madame.
Portrait de 4 prêtres déportés : retour sur 4 destins chamboulés
Après avoir évoqué les conditions de détention des prêtres des Pontons de Rochefort, j’aimerais revenir plus particulièrement sur quatre destins brisés. Trois prêtres qui ont été au coeur de ces mouroirs flottants.
Ayant fait quelques recherches, je n’ai pas pu retrouver de portraits particuliers, ce dernier point n’aura donc pas de visuels.
Les Hunots : une famille entière sur les Pontons
débutons avec Jean et Sébastien-Loup Hunot. Ces derniers étaient frères, ils sont déportés sur l’île Madame avec leur cousin : François Hunot. Jean Hunot était trésorier de la Collégiale de Bienon sur Amançon dans l’Yonne. La famille Hunot était donc originaire du nord de la France.
D’après les informations que j’ai pu récolter, Jean, Sébastien-Loup et François ont tout les trois été arrêtés en février 1794.
Ils ont fait le trajet entre l’Yonne (ils sont originaire de Bienon sur Amançon) et Rochefort en charrette à boeufs, dans le froid et sous la pluie.
Les parents de François Hunot étaient commerçants et artisans : son père (nom inconnu) et sa femme Perrette, étaient tisserands et maîtres tapissiers.
Les parents de Jean et Sébastien-Loup étaient de la noblesse locale : Claude Jean Hunot était échevin (il était conseiller municipal) et sa mère Edmée Jeanne Hunot était Dame de Gibaud.
Les trois prêtres Hunot décèdent tous du scorbut sur le navire hôpital l’Indien en 1794.
Jean-Baptiste Souzy : un prêtre rochelais
Mr Souzy était chanoine de la cathédrale Saint-Louis de La Rochelle. D’après mes recherches, il était fils fils de bourgeois et de riches marchands rochelais. Mr Souzy était également un personnage lettré pusqiu’il était membre de la Société des Belles Lettres de La Rochelle dès 1783.
Il est déporté sur les Pontons avec son évêque : Jean-Charles de Coucy, vicaire général de la cathédrale Saint-Louis.
Mr Souzy organise la vie spirituelle et épaule ces camarades de galère durant la déportation.
Scipion-Jérôme Brigeat de Lambert : prêtre et noble à la fois
Il y a des gens dans la vie qui n’ont vraiment pas de chance … Scipion-Jérôme en fait partie. Il cumulait deux critères principaux pour être suspects aux yeux du régime de la Terreur. Il était à la fois homme d’église réfractaire ET issue d’une famille noble originaire d’Irlande installée dans la Meuse depuis le XVIIème siècle. Son père a été anobli en tant que conseiller à l’hôtel de ville de Ligny en Barrois (il était receveur de finances de la ville). En plus de son titre de noblesse, il était chanoine d’Abranches et vicaire général.
D’après les informations que j’ai pu glaner, Brigeat aurait été arrêté sur dénonciation d’un voisin du nom de Mallarmé (ce dernier était un peu trop fâché avec la gente religieuse).
Il est décrit dans les archives comme un homme très cultivé (il était très doué en musique et docteur en théologie) et un bon orateur.
Brigeat de Lambert décède sur le Washington le 4 septembre 1794.
Charles-Arnould Hanus : un drôle de patronyme pour un destin tragique
Cet ancien chanoine de l’abbaye de Saintes est arrêté au début de l’année 1794. Le père Hanus fait partie des rares survivants des Pontons de Rochefort.
Lui non plus n’a pas eu de chance. Tout d’abord en arrivant à Rochefort on refuse de le prendre en charge dans la prison de l’arsenal (il y avait trop de monde). Le prêtre dort sous la pluie.
Sa malchance l’aura suivi jusqu’au bout de la détention. Charles-Arnould décède de la fièvre 15 jours après avoir été libéré de l’île Madame. Il faut dire que d’après les sources trouvées, les prêtres survivants n’étaient pas au meilleur de leur forme …
Les prêtres survivants n’étaient qu’un « troupeau d’ombres en guenilles, avec des visages terreux, des yeux hagards ou éteints et dont la misère, comme un lèpre à fait tomber la barde et les cheveux » (Source : « Le Petit Courrier de Charente » – n°4/12/1932).
Contrairement aux autres portraits de prêtres énoncés ci-dessus, le Père Hanus aura survécu aux supplices infligés par les Pontons. Néanmoins, il fait partie des victimes indirectes du martyr des prêtres puisque ce dernier meurt d’une maladie peu de temps après (l’épuisement et le traumatisme auront peut être eu raison de son état de santé).
Ainsi s’achève cette balade hors des sentiers battus sur une île hors du commun. En effet, de part ses richesses patrimoniales, son emprunte mémorielle et ses paysages au nulle pareil en France : l’île Madame reste un véritable coup de coeur personnel.
J’espère que vous avez apprécié cette nouvelle excursion et toute l’enquête historique qui a été réalisée autour afin de faire revivre ce territoire insulaire, bijou de l’estuaire de la Charente ! En effet, l’objectif était encore une fois de vous présenter un autre visage d’un territoire local et de vous montrer une image la plus authentique possible …
Télécharger l'itinéraire de balade
Comme à l’habitude, vous pouvez télécharger l’itinéraire balade a format PDF pour visiter l’île Madame à votre rythme.
Dans ce document vous pourrez trouver les principaux points d’intérêt sur le territoire avec des descriptifs historiques.