Personnellement, Hiers-Brouage est une véritable destination coup de coeur. Cette petite cité de caractère est un terrain de jeu idéal pour les amoureux du patrimoine et d’espaces naturels protégés !
D’illustres personnages historiques sont passés par Brouage : Marie Mancini, amour de jeunesse du futur Louis XIV ou encore Samuel de Champlain qui a fondé Québec en 1608. Pas de doute, ici l’Histoire se vit à chaque coin de rue.
Entre marais et fortifications, c’est ici, dans ce village labellisé Plus beaux villages de France, que je viens pour recharger mes batteries.
Je vous propose donc de découvrir mes endroits préférés et mes adresses fétiches qui forment mon Brouage !
Vous allez voir, vous allez adorer …
Une ancienne place forte délaissée par l'océan
Si j’aime autant Brouage c’est parce que son Histoire est tout simplement géniale ! La citadelle est fortifiée par Pierre de Conty d’Argencourt sur le modèle défensif en étoile « à la Vauban« . C’est le Cardinal de Richelieu, ministre sous Louis XIII, qui choisit Brouage pour sa situation géographique proche de Rochefort. L’objectif est clair : la cité doit être un poste de garnison pour préparer le Siège de La Rochelle (1627-1628).
Ce qui est amusant c’est que jusqu’au XVIIème siècle, Brouage était les pieds dans l’eau. L’océan venait lécher ses murailles. La cité était alors prospère grâce au commerce du sel. Le sel était un produit de luxe très recherché sous l’Ancien-Régime puisqu’il servait à conserver les produits frais (viandes, poissons, …). En clair c’était aussi précieux que de l’or !
Sous les règnes de Louis XV (1715-1775) et Louis XVI (1775-1793), l’océan Atlantique laisse place aux marais. Brouage tombe dans la désuétude et est désertée de ses habitants.
La Belle endormie se réveille au moment de la Grande Terreur (1793-1795). En pleine Révolution Française, Maximilien de Robespierre prend le pouvoir et déclare une véritable chasse envers les personnes suspectées d’être « ennemis de la Révolution » – sous entendu les personnes favorables à la monarchie et les nobles.
C’est ma période historique préférée puisque Brouage est désignée comme une prison pour ces suspects. Ainsi ce ne sont pas moins de 617 personnes civiles qui sont détenues entre 1792 et 1794 dans la ville. Ça fait froid dans le dos quand on y pense …
Pour en savoir plus sur la vie à Brouage pendant la Grande Terreur, écoutez mon podcast réalisé pour l’association Artnestine.
Un lieu d'accueil et d'habitat des oiseaux !
Le patrimoine peut être physique, immatériel mais aussi naturel. À Brouage, le paysage a été façonné par l’Homme au fil des siècles en fonction du niveau de la mer.
La nature est partie intégrante de la citadelle, les deux se complètent pour créer cette ambiance incroyable. Le temps semble figé lorsque l’on fixe l’horizon.
Brouage est située au sein de la Réserve Naturelle de Moëze. Autrement dit, la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux), gère cet espace marécageux qui accueille chaque année des milliers d’oiseaux : cygnes, hérons, … .
C’est en me promenant sur les remparts en ce milieu du mois de décembre que j’ai fais une rencontre assez rare et sympathique. Étant alors sur le rempart nord, au niveau des Halles aux Vivres, je prenais des photos. Quand soudain, sous mon objectif, une magnifique cigogne est apparue !
Ces grandes dames fond leurs nids sur les pylônes électriques au sein du marais. En 2017 on estime qu’il y avait près de 500 couples en Charente-Maritime, soit le plus grande population de France.
Je ne suis pas près d’oublier cette rencontre magique !
Mon conseil ...
Pour admirer les oiseaux migrateurs et en savoir plus sur les actions menées par la LPO , je vous conseille les visites guidées organisées par la LPO de Charente-Maritime.
Toutes les informations en cliquant ici :
Brouage où la renaissance par la culture et le patrimoine
Après avoir découvert le monde des oiseaux migrateurs, allons maintenant au XIXème siècle. La jeune République a tout juste été établie et s’intéresse à la préservation des traces du passé. C’est ainsi que les remparts de la citadelle sont classés au titre des Monuments Historiques dès 1886.
Il faut dire qu’entre la Poudrière St-Luc, les escaliers de Marie-Mancini ou l’église, il y a de quoi contenter les férus de patrimoine ! C’est cette richesse historique qui m’attire et me fait revenir à chaque fois à Brouage : c’est simple je redécouvre les lieux même après une dizaine de passages.
Pissenlits, herbes folles ou embruns marins : tout est réuni pour une atmosphère naturelles et hors du temps !
Vous le verrez en visitant Brouage, c’est aussi une cité d’artistes. Que ce soit en pleine rue ou sur les remparts, les peintres sont de sortie été comme hiver ! Mais ce que je trouve juste génial ici, c’est cette volonté d’allier patrimoine et artisanat local : depuis 1995 c’est un véritable village de créateurs qui a élu domicile au nord de la citadelle.
Ainsi, ce ne sont pas moins de 21 boutiques et ateliers permanents ou éphémères qui ont élu domicile au nord de la citadelle accolés aux remparts !
De même, n’hésitez pas à pousser la porte de la Tonnellerie qui est devenue une salle d’exposition en 2003. Je n’y étais jamais rentré jusqu’à ma visite d’une exposition d’un artiste local en octobre dernier. Le mélange entre art contemporain et patrimoine m’a enchanté.
Enfin ne partez-pas de Brouage sans avoir fait un saut au musée d’Histoire locale situé dans Les Halles aux Vivres (photos ci-dessus). J’ai été invité à le visiter lors de mon dernier passage dans la citadelle.
Muséographie au top, maquettes précises et cartels de qualité (panneaux explicatifs) : telle a été mon expérience de visite. Le musée propose au visiteur de remonter le temps et de vivre l’Histoire de Brouage. Pas de doutes, petits et grands y trouveront leur compte !
En dehors de ce patrimoine culturel important, Brouage détient aussi des éléments historiques assez … déroutants mais tout aussi intéressants !
Ainsi, j’ai découvert un lieu amusant et assez glauque à la fois lors de ma dernière sortie à Brouage. Un véritable retour aux sources puisque j’ai pu découvrir les latrines de la cité (sans mauvais jeu de mots).
Mais, les latrines, c’est quoi ?
Tout simplement c’est l’ancêtre de nos lieux d’aisance actuels. Souvent insérés dans les encorbellements des murs et tours des manoirs, châteaux ou demeures seigneuriales, les latrines servaient aux habitants à se soulager de manière propre. Pas besoin de vous faire un dessins, l’utilisation est identique à celle d’aujourd’hui ! Les déchets étaient chargés en contrebas par un caniveau.
Ici à Brouage ce qui est original, c’est l’aspect public de ces latrines. Personnellement, c’est la première fois que j’en vois de ce modèle. Il y a un côté réservé aux hommes et un autre pour les femmes ! C’est intéressant de voir que pour des questions économiques et de pour gagner de la place, ces latrines ont été installées aux alentours du XVIIème siècle. On devait regrouper un maximum de personnes dans un espace relativement restreint.
Je vous rassure, ces latrines ne sont pas utilisées, elles sont juste accessibles librement pour permettre de se rendre compte de la vie à Brouage sous l’Ancien-Régime quand elle était une place militaire importante.
Mon patrimoine préféré ...
Sans hésitation je dirai la Glacière au XVIIème siècle. Déjà car je trouve ça génial de penser que les généraux se délectaient de sorbets quand ils étaient en poste ici sous l'Ancien-Régime. Mais aussi car cette glacière avait un rôle militaire important. Il y avait un hôpital à Brouage, la glace servait aussi à certains remèdes médicaux. C'est une véritable prouesse technique pour l'époque !
Mon parcours balade
Alors, Brouage vous donne envie ? Vauban et Marie Mancini vous appellent ? Mais comment y aller et se repérer ? Pas de panique j’ai tout prévu !
Vous trouverez ci-dessous un circuit pédestre d’1h30 à 2h00 créé par mes soins (avec le logiciel Framacarte.org).Vous y retrouverez les éléments patrimoniaux cités dans cet article et plus encore. Pour réaliser ce parcours je me suis inspiré de celui déjà proposé par l’Infiniment Charentes.
Étape 1 : Aire de parking. Dirigez-vous vers le Bastion Royal (rue de Québec).
Étape 2 : Tournez à droite rue des Grottes pour voir l’escalier dit « de Marie Mancini« . La jeune femme, nièce de Mazarin l’aurait emprunté lors de son exil à Brouage en 1659. Attention l’usure des marches peut rendre l’ascension glissante !
Étape 3 : Longez le chemin sur la courtine, direction les échauguettes disséminées un peu partout le long des fortifications. Elles sont le témoignage de la fonction militaire de la citadelle sous Louis XIII. Profitez-en pour admirer le panorama sur les marais de Brouage. Imaginez, il y a plus de 300 ans l’océan Atlantique venait jusqu’aux pieds des remparts.
Étape 4 : Continuez votre route : direction la Caserne (ou poudrière) Saint-Luc construite au XVIIème siècle. Elle a eu un rôle d’hébergement des soldats en garnison dans la cité mais aussi c’était aussi un lieu de stockage de poudre à canon.
Étape 5 : Descendez en contrebas de la courtine Saint-Luc et longez le mur de l’école élémentaire. Bifurquez à droite rue des Casernes. Attention en traversant, la route est passante en été ! Direction la fameuse glacière du XVIIème siècle qui servait de stockage de glace pour les sorbets des généraux et pour les soins médicaux.
Étape 6 : Poursuivez votre chemin le long de la courtine dite « Richelieu » pour aller voir la poudrière de la Brèche située sur le Bastion éponyme. Poussez la porte, entrez et longez le bâtiment lui aussi construit au XVIIème siècle. Les fortifications construites autour de la poudrière vous feront littéralement remonter le temps !
Étape 7 & 8 : Quelques mètres plus loin, empruntez la rue des Trois Vierges jusqu’à voir un grand bâtiment en briques rouges : ce sont les Halles aux Vivres. Actuellement musée local retraçant l’Histoire de Brouage et ses marais, l’édifice a tantôt servit à stocker des vivres tantôt de lieu de détention sous la Révolution française entre 1792 et 1795. Le petit édifice à côté est une poudrière construite au XVIIème siècle, c’est aujourd’hui un lieu d’exposition consacré aux artistes locaux.
Étape 9 : Sortez de l’esplanade des Halles aux Vivres par la rue de l’Arsenal. Tournez à gauche rue du Port jusqu’à l’église saint-Pierre et saint-Paul de Brouage construite en 1608. C’est LE lieu dédié aux liens qu’entretien la citadelle avec la Nouvelle-France (le Québec). Poussez les portes de l’église et admirez les somptueux vitraux !
Enfin retournez aux parking par la rue de Québec (à droite en sortant de l’église).