
Pour moi, l'automne c'est LE moment de l'année privilégié pour s'éloigner de la côte et vagabonder dans les petits villages charentais ... Ces espaces ruraux regorgent de trésors et détiennent une âme particulière. Aujourd'hui, je vous emmène à Tonnay-Boutonne, un lieu que j'ai découvert il y a quelques jours avec émerveillement !
Tonnay-Boutonne-Boutonne se mérite. Pour y accéder, il ne faut pas avoir peur de quitter les routes côtières et à s’enfoncer sur les chemins ruraux de Saintonge. Située à l’Est de Rochefort et à proximité de Saint-Jean d’Angély, cette petite localité blottie dans un vallon le long de la Boutonne (affluent de la Charente) est tout simplement charmante !
Personnellement, en dehors de quelques allusions familiales à son sujet : je suis arrivé sur les lieux vierge de toutes connaissances ! Il s’agissait d’une volonté de ma part afin de m’imprégner au mieux du village sans aprioris afin d’être le plus objectif possible.
Après 40 min de voiture environ, me voici dans le bourg. Direction le pont surplombant la Boutonne. C’est ici – au pieds de l’édifice – que j’ai laissé ma voiture. Excepté une dizaine de canards et des pêcheurs : il n’y avait pas grande âme qui vive !
Vous allez le voir dans cette balade : le bourg de Tonnay-Boutonne est vraiment remarquable. C’est l’idéal si vous recherchez une destination pleine d’histoire, avec un patrimoine bien conservé et surtout loin du tumulte de la ville.
Tonnay-Charente : l'archétype d'un village au coeur de l'Histoire de la Saintonge
De l'Oppidum primitif au grand port fluvial ...

« Commençons par le commencement » comme dit le dicton ! Autrement dit, la première mention de Tonnay-Boutonne date de 1243 dans une charte du haut Moyen-Âge. On parle alors de « Tonnays-Voultonne » en lien avec la Voultonne qui coulait paisiblement au pieds du village. À noter que la « Boutonne » n’est qu’un dérivé oral transformé au fil des siècles.
D’après les recherches que j’ai effectuées, la seigneurie de Tonnay-Boutonne était l’une des premières baronnies de Saintonge (et donc l’une des plus puissante du territoire Sancton).

Le XIème siècle : la naissance de Tonnay
En parlant de baronnie puissante, cette dernière était une copie conforme de l’ensemble des structures seigneuriales dès le XIème siècle.
Et effet, d’après les écrits de Charles Thomas, Tonnay-Boutonne est qualifiée d’ « Oppidum » d’après la charte de la fondation de l’abbaye de Saintes. Nous sommes alors aux alentours de 1047/1050.
Le saviez-vous ?
Un "Oppidum" : kesako ? Pas de panique, même s'il s'agit d'un terme latin, c'est tout simple à comprendre. Il s'agit d'un bourg médiéval fortifié de paslissades de bois. La plupart du temps, ces Oppidums étaient situés en hauteur. En définitive, le village Gaulois d'Astérix & Obélix est l'exemple même d'un "Oppidum" antique et médiéval classique !

Le début du 1er millénaire est aussi synonyme de transformation urbaine très importante pour Tonnay-Boutonne. En effet, c’est en 1032 que le premier château est édifié. Le 1er seigneur de Tonnay-Boutonne serait Gildouin, descendant de l’illustre famille de Parthenay. À l’instar des fortifications, il semblerait que le premier donjon et le château soient fortifié en bois : l’édifice n’était donc pas très solide ! Le château est édifié le long de la Boutonne, en contrebas du village : ce qui est plutôt rare pour l’époque médiévale où les seigneurs avaient tendance à s’installer en hauteur sur des promontoires rocheux pour surveiller les environs.
Mais, cette position extravagante est quand même logique puisque la Boutonne est un affluent de la Charente. Le 1er seigneur voulait donc avoir un droit de regard sur les allées et venues des navires voguant sur la rivière. Notons au passage que c’est en partie grâce à la position stratégique du château et à la forte fréquentation de la Boutonne qu’un droit de passage est instauré quelques temps plus tard.
Quelques décennies passent et le premier prieuré est édifié en dehors des murs de la cité (ce qui est très commun pour l’époque). Toujours d’après Charles Thomas, ce prieuré aurait été fondé aux alentours de 1096 par Gildouin de Parthenay et le 1er prieur connu serait un certain Mascelin.
Les XIIIème siècle/XIVème siècles : révoltes et essor économique à Tonnay-Boutonne !
S’il y a bien UN moment où Tonnay-Boutonne se réveille, c’est au début du XIIIème siècle. En effet, d’après les archives d’époques (Charte de la fondation de l’abbaye de St Jean d’Angély notamment), durant l’année 1207/1208, le tonnerre gronde dans la petite cité saintongeaise. Mais pourquoi donc me direz-vous ?
Pas de panique, je vous explique tout. La réponse est simple : Tonnay-Boutonne change de seigneur après deux siècles sous la coupe de la famille de Parthenay. Voici venu le temps de la famille de Machecoul. Les habitants n’étaient pas en très bons termes avec les Parthenay : ils profitent du changement de seigneur pour émettre des revendications. Les nobles paieraient trop de redevances/d’impôts et les habitants demandent à pouvoir vendre leurs productions librement aux foires et marchés annuels (ce qui n’était pas le cas avant).

Les années passent et au XIVème siècle, Tonnay-Boutonne devient une bourgade prospère avec ses propres foires et marchés hebdomadaires et annuels ! D’après mes recherches, c’est à cette période qu’une écluse, un moulin et un port fluvial sont construits (ce qui prouve un essor économique).
Seulement voilà : la Guerre de Cent-Ans pointe le bout de son nez. En d’autres terme, les Anglais débarquent, pillent le village en 1340, confisquent la seigneurie aux de Machecoul et occupent les lieux jusqu’en 1372. Tout comme les seigneurs français, les Anglais sont attirés par la position exceptionnelle de Tonnay-Boutonne sur la rivière éponyme (et plus largement sur l’embouchure de la Charente).
Une cité prise dans les tourments de l'époque moderne et de la Révolution
Le XVIème siècle est marqué par le traité de Fontainebleau en 1685 qui révoque l’Édit de Nantes qui assurait alors des rapports de paix entre les protestants et les catholiques dans le Royaume de France. En d’autres terme : à partir de la fin du XVIIème siècle, Louis XIV lance la grande « chasse aux hérétiques » avec les dragonnades dans les provinces du Poitou, des Charentes et dans toute la France.
Les familles protestantes sont sous pression : et ce, que l’on soit seigneur ou simple manant ! Tout le monde est traqué. Chaque sujet est menacé de mort s’il n’embrasse pas la religion catholique.
Bien entendu, Tonnay-Boutonne n’est pas en reste : la moitié des 13 familles nobles étaient protestantes … et le seigneur aussi. Quelques familles se convertissent bon gré mal gré pour éviter les représailles. Mais, Charles de La Mothe-Fouqué, baron de Tonnay-Boutonne et sa famille désertent le navire et prennent le chemin de l’exil aux Pays-Bas. Tonnay-Boutonne tombe alors en désuétude.
Je n’ai pas trouvé beaucoup d’informations sur le XVIIème siècle. La cité s’endort petit à petit et retrouve un calme relatif. Un seul évènement frappe Tonnay-Boutonne durant le Siècle des Lumières (XVIIIème siècle) : le village change encore de seigneur. La seigneurie est vendue à Guillaume de La Trémoilles, le puissant seigneur de Taillebourg (une localité située à 15km environ).


Nous venons de le voir, l’histoire de Tonnay-Boutonne n’est pas un long fleuve tranquille ! Façonnée au fil des siècles et des bouleversements économiques, sociaux et politiques, la cité réussi à passer les troubles révolutionnaires et le XIXème siècle sans trop d’encombres.
D’ailleurs, cette histoire très riche se retrouve avec les éléments patrimoniaux que nous pouvons toujours voir au fil des rues du centre bourg. C’est ce que je vous propose de découvrir dès à présent !
Le patrimoine de Tonnay-Boutonne
Lors de la visite du village, j’ai été surpris par une chose : les éléments du patrimoine sont bien présents mais hélas (très) mal indiqués. En clair, si le promeneur n’y prête pas attention, il peut passer à côté d’un endroit intéressant sans même s’en rendre compte. Il m’a donc fallu vagabonder sans but précis afin de les débusquer ! Petite précision : cette « non mise en valeur » du patrimoine local de Tonnay-Boutonne dont je parle ici est confirmé par l’absence totale de cartels explicatifs (aucune information n’est à disposition des visiteurs, ce qui – à mon sens – est dommage !).
En effet, il y a de quoi faire. Dans ce second point, j’ai essayé de dresser une liste des éléments remarquables du patrimoine que vous pourrez retrouver si vous venez sur place. J’en au dénombre quatre au total.
Un pont qui n'a rien à envier à celui d'Avignon !

Ce pont enjambe la Boutonne. Il est situé en contrebas de la ville haute. D’après une ordonnance royale retrouvée en archives, l’actuel pont de Tonnay-Boutonne aurait remplacé un pont primitif érigé à partir de février 1832.
L’édifice que nous voyons aujourd’hui à quant-à lui été construit entre l’année 1888 et 1889. Il se compose d’un tablier et d’une succession de 3 arches en pierre. En fouillant dans les archives, j’ai pu retrouver le bon de commande du département de la Charente-Inférieure à un entrepreneur charentais. Ce document nous apprend que le pont de Tonnay-Boutonne a été construit par Mr Beauchamp. Ce qui est intéressant, c’est que les matériaux de construction du pont sont 100% locaux. En effet, d’après le « Répertoire des Carrières de pierres de taille exploitées en 1889 » édité par le Ministère des Travaux Publics de l’époque, ce pont est constitué de pierres provenant de la carrière de Marcheraix appartenant à Mr Gardiot.
Cette dernière se trouvaient à 12km, dans le petit village de St Savinien, situé le long du fleuve Charente. Tout le processus de production du pont de Tonnay-Boutonne profite donc des richesses minérales du val de Saintonge. Pratique et économique à une époque où le chemin de fer est encore à ses balbutiements.
A noter : D’après des cartes postales retrouvées sur Delcampe, il semblerait que le pont ait eu des parapets arrondis pour faciliter le passage jusqu’au début du XIXème siècle.

Ça s'est passé ce jour-là ...
Dans les archives, j’ai pu retrouver une petite anecdote assez impressionnante qui s’est déroulée sur ce pont il y a près de 100 ans. Nous sommes le 30 novembre 1924. J’ai trouvé cette histoire dans « Le Peuple ».
Ce jour-là, Mr Savarit, imprimeur de son état demeurant à Gémozac dans le sud de la Charente-Maritime circule en motocyclette. L’homme sortait à vive allure du bourg en direction de St Jean d’Angély.
Des graviers avaient été déposés la veille dans le cadre de la réfection de la chaussée. L’imprimeur n’a pas le temps de freiner et dérape tout du long. Résultat des course, dans sa chute Mr Savarit se casse la jambe gauche et le deux-roues est projeté dans les eaux de la Boutonne en contrebas !
L'église St-Pierre
Je dois bien vous l’avouer : j’ai eu énormément de mal à trouver la moindre information sur cet édifice religieux que ce soit dans les textes ou les cartes postales d’époque !
Pour la petite histoire, une église primitive datant du XIIème siècle aurait été construite ici. La majorité des nobles de Tonnay-Boutonne étant protestants, cette dernière est détruite entre 1568 et 1576 durant les Guerres de Religions.

L’aspect général de l’église est plutôt classique par rapport aux autres édifices religieux de Saintonge et en Charente-Maritime. Imaginée sur un plan en croix latine et avec une toiture en ardoise, j’ai pu remarquer une particularité : la taille de la nef est exactement identique à celle des transepts latéraux (ce qui n’est pas courant en comparaison aux autres églises dans lesquelles la nef est bien plus longue !).
Côté esthétique et style architectural, le portail de cette petite église est également classique. Les voussures en arc de cercle sont soutenue par deux pilastres à chapiteaux avec des influences corinthiennes (aspect visible notamment avec les végétaux sculptés).




Ça s'est passé ce jour-là ...
Ici aussi, j’ai pu retrouver une histoire assez … surprenante !
Cette fois-ci je vous emmène le 13 juin 1930. D’après le numéro du « Télégramme des Vosges« , pas moins de 10 frères et soeurs d’une même famille ont reçu le sacrement du baptême le même jour ! La cérémonie est dirigée par l’Abbé Lafond, archiprêtre de La Rochelle qui avait fait le déplacement. À moins qu’un ne s’agissent d’une action « d’une pierre deux coups » avec une fratrie d’enfants différents, je pense qu’il s’agit là d’une naissance XXL. Autrement dit, une naissance de 10 jumeaux : ce qui serait – si l’information s’avère vrai – un véritable … record du monde ! Cette seconde théorie est plausible au vue de la présence d’un éminent dignitaire de La Rochelle qui est une ville très importante et influente comparé à Tonnay-Boutonne (on estime qu’il y avait seulement 1000 habitants en 1930). Si ce n’est pour une situation exceptionnelle, qu’est ce que l’archiprêtre de La Rochelle serait venu faire ici pour célébrer une messe ?
Je ne sais pas vous, mais moi je trouve cette histoire hallucinante.

L'Hôtel de Ville et le marché couvert de Tonnay-Boutonne
La mairie est le centre de la vie d’un village. L’Hôtel de Ville de Tonnay-Boutonne est assez spécial puisqu’il est imbriqué dans Les Halles marchandes. Autrement dit, le bâtiment a été conçu pour recevoir les marchés et foires en rez-de-chaussée. Les bureaux du maire et de la municipalité se trouvent aux étages supérieurs.
C’est la première fois que je voyais ça !
Sur le fronton, la devise Républicaine est inscrite. Je n’ai pas réussi à trouver de date de construction précise, mais à mon sens, cette bâtisse daterai du milieu du XIXème siècle.
Cette disposition originale entre les Halles et la mairie a pu avoir une logique bien précise ! En effet, par cet ingénieux système, la municipalité de Tonnay-Boutonne avait un droit de regard sur l’organisation des marchés et des foires quotidiennes et hebdomadaires.
Autre particularité, en face de la mairie se trouvait autrefois une boutique de bijou qui faisait également horlogerie. Cette dernière était tenue par un Mr Daniel Moreau. D’après plusieurs cartes postales datant de 1920’s, ce dernier aurait édifié une imitation de clocher suisse ou flamand pour s’en servir de surface d’exposition et d’extension de sa devanture !


La Porte St Pierre
La tour St Pierre est le seul vestige du Tonnay-Boutonne médiéval. Cette dernière est la seule survivante de l‘enceinte fortifiée du XIVème siècle (pour rappel, à l’origine il y en avaient 3 qui encerclaient le village).
En résumé, l’édifice daterai des XIIIème/XIVème siècles environ et l’ensemble a été classé aux Monuments Historiques en 1928.
Ici, nous sommes devant une porte montée en « Grand Appareil » pour la façade extérieure. Autrement dit, les pierres utilisées ont été taillées et rangées consciencieusement. De plus, la porte Pierre est surmonté de créneaux et mâchicoulis. Ces deux éléments démontrent la fonction ostentatoire de l’édifice. L’aspect esthétique, ordonnée et impressionnante de l’ensemble permettait de montrer la puissance des seigneurs de Tonnay-Boutonne !
La porte a été conçue en « Petit Appareil » pour la façade interne. Il s’agit de moellon (petites pierres hétérogène et imbriqué les unes dans les autres sans régularité). De plus, les mâchicoulis servaient à impressionner l’ennemis et à se défendre en cas de siège. Ces deux informations démontrent une seconde fonction défensive et militaire de l’édifice.


Pour résumer : Le mur en « Grand Appareil » permettaient d’impressionner l’ennemis et de montrer la richesse d’une seigneurie ; alors que le « Petit Appareil » était destiné à tenir une attaque en cas de Siège (le moellon est une technique de construction très difficile à détruire).
Tonnay au fil de la Boutonne : une escapade nature au fil de l'eau
Après cette petite pause patrimoniale : parlons « nature » ! Car oui, la Boutonne est LE poumon vert qui coule le long de la ville basse. Personnellement, découvrir les berges de cette rivière a été une révélation : comme un électrochoc.
Je vous explique pourquoi de suite, suivez-moi !
La Boutonne : une rivière aux caractéristiques particulières ...

La Boutonne : rien que de prononcer ce nom de cour d’eau je suis heureux. Sérieusement, ce nom n’est-il pas juste trop mignon ? Il faut dire que La Boutonne et Tonnay, c’est une grande histoire d’amour. Nous l’avons évoqué dans la partie précédente, mais ce cour d’eau permettait les transactions commerciales entre la Charente et les espaces situés dans les terres (et inversement).
Pour parfaire les présentations, La Boutonne sillonne entre le sud des Deux-Sèvres et le nord de la Charente-Maritime sur près de 100km. Au total, on estime que ce ne sont pas moins de 117 communes et 60 000 habitants qui peuplent ces berges ! Pour être honnête, je ne m’attendais pas à tant de monde …
Bref, revenons à notre sujet. La rivière n’a pas beaucoup de relief mais elle offre de nombreuses îles et marais : le paradis pour les promeneurs et vacanciers en mal de nature ! La Boutonne prend sa source dans le village de Chef-Boutonne à quelques kilomètres au sud de Belle (Deux-Sèvres).
Côté « historique », La Boutonne est habitée par l’Homme depuis 8500 avant notre ère. C’est pendant le Moyen-Âge que les activités commerciales et de production artisanale s’installent avec des moulins à eau par exemple. Quelques siècles plus tard, au XIXème siècle, La Boutonne n’échappe pas à l’industrialisation. C’est le temps de la culture et de l’exploitation des peupliers dans de grandes peupleraies (j’ai appris ce mot en réalisant l’article d’ailleurs !).
Enfin voilà, La Boutonne est bien plus qu’un cour d’eau : c’est une histoire pluri-séculaire qui défile aux pieds de Tonnay-Boutonne. Et moi j’aime ça …


Le passage des saules pleureurs : un moment magique au bord de la Boutonne
À la fin de ma visite à Tonnay-Boutonne, je suis tombé par hasard sur un endroit extraordinaire : un passage que j’ai surnommé « Le passage des Saules Pleureurs » (appellation non-officielle !).
Située au bout de l’allée de la Boutonne et à côté du camping municipal vous ne pouvez pas le manquer. Pour accéder à cette petite prairie il vous suffit de soulever doucement le rideau des branches des saules pleureurs. En moins de deux secondes vous vous retrouverez (comme moi) dans un écrin de verdure : un véritable dôme végétal dans lequel l’eau se réverbère sur le feuillage des arbres.
Petite précision : Ce sentier a été aménage par l’Association Communale de Chasse Agrée pour sensibiliser les promeneurs et habitants aux richesses de la faune et de la flore présentes le long de La Boutonne !




Cet espace est très sympa pour d’autres aspects :
- Tout d’abord, vous pourrez y pique-niquer en famille au bord de l’eau. Les tables et les poubelles sont très bien entretenues (aucunes gravures, aucuns tags, …).
- Ensuite, vous y trouverez un point de vue extraordinaire sur l’amont de la Boutonne (avec un peu de chance, si vous venez le matin, à l’aurore, vous pourrez assirent au spectacle de la brume qui se lève au-dessus de la rivière !).
Enfin, dernier point positif des berges de la Boutonne pas des moindres : la présence d’une faune locale très sympathique ! 😂 C’est en retournant à ma voiture pour rentrer à La Rochelle que je suis tombé sur une colonie de canards (une trentaines). La scène était assez causasse … La preuve en images :

Voyage à Tonnay-Boutonne au fil des siècles !
N°8 de la Grand'Rue : Vestige d'une famille d'entrepreneur Boutonnais ...

Cette demeure ne présente pas d’artifices particuliers en dehors des deux épis de faîtage qui ont été installés à chaque extrémité de cette dernière. Les épis avaient une double fonction ostentatoire et sécuritaires : ils servaient de paratonnerres.

Cette petite maison est située en contrebas de la Grand’Rue de Tonnay-Boutonne. Il s’agit d’un exemple typique de l’habitat populaire qui était en vogue entre 1905 et 1930 avec ces ouvertures et sa toiture de tuiles.

Il est intéressant de noter au passage que les deux ouvertures supérieures de la maison n’étaient pas présentes à l’origine : elles ont été rajoutées seulement au début des années 1930’s (d’après une carte postale retrouvée sur Delcampe).
D’après mes recherches, la maison du n°8 abritait une famille d’entrepreneurs agricole.
En effet, remontons le temps en 1931. C’est ici que vivait la famille Pinaud ! Dans l’ordre je vous présente : le chef de famille, Camille Pinaud ; Suzanne Pinaud, sa fille née en 1920 et son fils Paul Pinaud, né en 1913. La famille Pinaud devait être de la classe moyenne puisqu’elle détenait une petite entreprise de battage (des foins par exemple).
La maisonnée accueillait plusieurs générations (comme il était d’usage au début du siècle dernier). Mr Pinaud logeait également sa mère : Mme Lucie Barraud, née en 1866. Le tout complété d’un domestique répondant au nom d’André Gillard (né en 1897).
Du Café à l'ancien antiquaire de Tonnay-Boutonne : ça bouge au n°21 de la Grand'Rue !

Arrêtons-nous maintenant devant ce qui était jadis l’ancien hall d’exposition et boutique d’antiquaire de Tonnay-Boutonne. Cette adresse me fait penser aux petits commerces d’autrefois qu’on pouvait retrouver dans les villages !
Cette couleur rouge très voyante m’a de suite interpellée. J’ai donc mené mon enquête en archives pour essayer de retrouver la trace d’anciens occupants et surtout pour savoir si ce bâtiment avait toujours été un local commercial ou non ?
Remontons le temps en 1896, soit il y a 126 ans. À mon sens, l’aspect général de la bâtisse n’a pas dû tellement changer puisqu’on pouvait y retrouver un café/restaurant. L’établissement appartenait à Mr Henri Roux. Ici on travaillait en famille puisque les deux filles de ce monsieur étaient désignées comme « servante » et « cuisinière ». Amandine était en salle, elle servait les clients du haut de ses 18 ans au moment du recensement de population. Quant-à sa soeur, âgée de 14 ans, elle était en cuisine. Cette dernière portait un prénom très rare et qui m’était jusqu’alors inconnu : Auzolia-Marthe ! Avouez que l’association de ces deux prénoms a de quoi étonner …
Je n’ai pas pu retrouver la trace de la femme d’Henri ni aucune autre information le concernant Amandine et lui. En revanche, ce n’est pas le cas pour Auzolia. D’après les archives, cette dernière se serait mariée le 6 mai 1882 avec Mr Émile Guillon en l’église de Tonnay-Boutonne. Le mari était âgé de 26 ans et était originaire de Pont l’Abbé d’arnault. La mariée – quant-à elle – avait 20 ans.
La Villa des Marronniers - 27 rue des Greniers

Cette adresse m’a donnée du fil à retordre : impossible pour moi de trouver quoi que ce soit de croustillant dans les archives à son propos !
Mais … après plusieurs heures de recherches entre les plans cadastraux, les cartes postales et actes de recensement : les pierres ont fini par parler.


La Villa des Marronniers est située à quelques mètres seulement de la Boutonne. C’est une maison de plaisance qui témoigne du rang social de ses occupants : le but était d’impressionner les visiteurs et les voisins (tout en restant pratique à l’usage quotidien des maîtres de maison).
Cette demeure est composé d’un logis principal en pierre de tuffeau et toit mansardé en ardoises. Elle est encerclée par une cour de service à l’arrière délimitée par des communs réservés aux domestiques.
À l’avant se trouve 1 jardin d’agrément délimité par un mur en pierre sèches et un imposant portail en fer forgé.
Cette imposante bâtisse appartenait à une riche famille de notable de Tonnay-Boutonne : les Roux ! (Oui, le même nom que celui de la famille qui tenait le café dans la Grand’Rue dont nous parlions à l’instant). De là à y voir un lien de parenté, c’est plausible mais je n’ai pas retrouvé de preuves dans ce sens.
Bref, d’après un acte de recensement de 1906, le maître des lieux s’appelait Émile. Il était marié à Héléne Courneau et avait un fils prénommé André (né en 1902). La maisonnée était très aisée puisque Mr Roux exerçait en tant que docteur de médecine à l’hôpital militaire de Rochefort. Mme Courneau ne travaillait pas (comme c’était le cas dans la plupart des familles bourgeoises de cette époque).
Le foyer était complété par quelques domestiques qui figurent aussi sur l’acte de recensement de 1906. Dans l’ordre nous y trouvions Ellena Marchais qui était à la fois femme de chambre, servante et dame de campagnie pour Hélène ; et Aristide Sorigny qui lui était à la fois majordome, valet de chambre d’Émile et voiturier de la famille.
Je ne sais pas vous, mais moi je l’aime beaucoup cette maison ! Elle illustre bien le train de vie des familles aisées de la bourgeoisie et de l’aristocratie de Saintonge au début du siècle dernier.

Les gendarmes de ... Tonnay-Boutonne au 2 route de Rochefort
Après les célèbrissimes « Gendarmes de St Tropez« , j’aimerai vous présenter leurs homologues charentais. En effet, jusqu’au milieu du XXème siècle, Tonnay-Boutonne accueillait une gendarmerie nationale ainsi que des baraquements pour accueillir les représentants des forces de l’ordre.

Les bâtiments de la gendarmerie ont été édifiés aux alentours des années 1870/1890. On peut y observer une coquille saint Jacques retournée sur le fronton sous laquelle se trouve une guirlande sculptée (je crois deviner des pompons mais sans certitude). Toujours est-il que ce fronton fait très 1er Empire !
En fouillant dans les archives, j’ai retrouvé un recensement datant de 1896. Dessus y sont inscrits tout les agents présents à cette époque :
- La famille Daviaud : Dans ce foyer, il y avait le brigadier François Daviaud et Marie Lachaud, respectivement âgés de 38 et 39 ans. cette première famille était complétée de Blanche Roulleau, qui était âgée de 3 ans. Il s’agissait de la nièce du couple.
- La famille Râteau : Ici, il s’agit d’Eugène, gendarme et sa femme Mélina Roy âgés de 32 et 27 ans.
- La famille Tribon : Ce foyer est composée de Charles, gendarme de 41 ans et sa femme Marie-Anna Dauzat âgée de 35 ans. En plus du couple, il y avait 2 enfants au moment du recensement : Charles, âgé de 9 ans et Raymond, 12 ans.
- La famille Ratier : Cette 4ème famille se compose d’un couple, Eugène-Ernest, âgé de 32 ans et sa femme, Marie-Adrienne Gaudret âgée de 30 ans.
- Et enfin, la dernière famille ! Il s’agit des Tournan. Dans ce dernier foyer il y avait Louis-Jean-Pierre et Jeanne-Louise Lafont respectivement âgés de 26 ans et 18 ans.
Ce qui est très drôle c’est que ces Gendarmes de Tonnay-Boutonne auraient pu inspirer un synopsis des « Gendarmes de St Tropez« . En effet, j’ai pu découvrir une histoire ubuesque et très amusante que nos 5 gendarmes ont pu être amenés à gérer …

Ça s'est passé ce jour-là ...
Cette histoire nous est racontée par « L’Ouest Éclair« . Nous sommes le 4 juin 1932, en début d’après-midi. Mme Besseau et sa belle fille circulent en carriole à l’entrée du pont de Tonnay-Boutonne.
Soudain le cheval est pris d’un coup de folie et brise les deux brancards qui dirigeaient le cheval. Dans son emballement, le cheval projette Mme Besseau dans les airs, elle perds connaissance et se casse la jambe. Sa belle fille n’est que grièvement blessée.
Mais l’histoire aurait pu s’arrêter là pour cette pauvre Dame. Mais que nenni ! Mme Besseau est transportée chez elle en voiture avec un particulier qui passait par-là. Seulement voilà, en arrivant en haut de la Grand’Rue, la voiture rentre en collision avec un camion qui vient percuter l’arrière du véhicule.
Pendant ce temps, Mme Besseau agonise. Elle arrive tant bien que mal chez elle. Sa famille habitant le bourg de Tonnay-Boutonne, elle se rend à son chevet.
Comble de malchance : cette même famille abandonne sa demeure sans prendre le temps de fermer la porte à clé. Ainsi, un cambrioleur originaire de St Savinien saisit l’occasion pour s’introduire dans la demeure de la pauvre famille en semi-deuil et les détrousser de leurs effets personnels.
Tout cela en moins de 5h … il faut le faire ! Nos gendarmes de Tonnay-Boutonne ont dû être bien occupés ce jour-là !
Voilà, nous arrivons au bout de notre périple dans le petit village de Tonnay-Boutonne en plein coeur de l’arrière-pays Saintongeais ! Comme vous avez pu le constater, avec une histoire très riche et un petit patrimoine remarquable, il y plane comme un « je ne sais quoi » de typique et une ambiance particulière.
En d’autres termes, Tonnay-Boutonne restera un de mes lieux coup de coeur où il fait bon flâner, prendre le temps de la découvert durant un après-midi en famille ou encore se perdre dans les ruelles et sur les berges de la Boutonne.
D’ailleurs, si vous aussi vous souhaitez une idée balade, voici une fiche téléchargeable au format PDF. Vous y retrouverez l’ensemble des éléments patrimoniaux évoqué ici dans cet article :