Saint-Jean-d’Angle : voyage du Moyen-Âge au XIXème siècle !

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Je crois qu’on a tous besoin de sortir et de se changer les idées avec ce satané COVID. 

Je vous amène au sud de Rochefort, en Charente-Maritime, pour une balade en famille assez sympa entre l’époque médiévale et la Révolution Industrielle ! 

Depuis quelques temps le monde de la culture est à l’arrêt.  Alors je vous propose une expérience avec cette balade.

Les lieux culturels étant fermés, pourquoi ne pas découvrir Saint-Jean-d’Angle, comme un musée à ciel ouvert ?

Saint-Jean-d'Angle : une étape reposante sur la route des vacances en Charente-Maritime !

À l’approche de la saison estivale, les routes nationales et départementales charentaises font face à une hausse importante du trafic routier. Stress, bouchons, énervement, fatigue, … et si vous vous arrêtiez dans ce petit village pour faire une pause ?

Saint-Jean-d’Angle est une bourgade de 700 habitants située à 15km au sud de Rochefort (un quart d’heure de trajet en voiture environ). Pour y parvenir, j’ai dû emprunter la D733. Au sortir du tumulte de la 2×2 voies, le décor est immédiatement planté : le bitume à laissé place à de larges étendues marécageuses. Pas de doute, le dépaysement ne fait que débuter ! 

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Entrée Saint-Jean-d'Angles (côté château).

Mais ce village se mérite. Continuez sur la D733E2, petite route de campagne, pendant 2km environ. Implanté entre bois et prairies, Saint-Jean-d’Angle est un archétype parfait de l’urbanisation médiévale. En clair, lorsque j’ai traversé le village la première fois en voiture, je me suis dis « Bienvenue au Moyen-Age » !

La première question que je me suis posé en entrant dans la ville concerne le stationnement : où garer sa voiture pour arpenter les rues tranquillement ?

Et bien je vous propose de vous stationner sur le parking de la mairie qui est gratuit. Il est à l’écart de la place principale dans le prolongement de la route principale. Il se compose d’une vingtaine de places. Cependant, le parking du château est réservé aux seuls visiteurs du site, il est donc interdit d’y laisser sa voiture pour visite le village.

Même si au premier abord ce village ne fait pas très accueillant, je le trouve très sympathique de part son histoire et les activités à faire. C’est une destination familiale à explorer sans tarder !

Un castrum médiéval : l'histoire truculente de Saint-Jean-d'Angle ...

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Ici j'ai été charmé par l'aspect médiéval de l'organisation du bourg construit sur le trace de l'ancien castrum (nico_la_rochelle).

Un castrum, ça ne vous dit rien ? Pas de panique je vous explique tout ! Aux alentours des XIème et du XIIème siècles, le village de Saint-Jean-d’Angle s’est organisé à proximité du château seigneurial

Sous l’Ancien-Régime, la cité était bordée par l’océan et entourée de marais salants. Le château daterait du XIIème siècle, il était alors la propriété de la famille des Lusignan. Les Lusignan étaient rois de Chypre et de Jérusalem lors des croisades des XIème et XIIIème siècles. Le rôle de Saint-Jean-d’Angle était plutôt défensif. Ce côté militaire servait à protéger les marais à l’entrée de l’estuaire de la Charente : comme Brouage située à quelques kilomètres ! La seigneurie était assez riche puisque ses terres étaient essentiellement composées de marais salants. 

Au Moyen-Âge et jusqu’au XVIIIème siècle le sel était considéré comme un véritable « or blanc« , il était vendu très cher. En plus, les territoires charentais étaient exemptés de la gabelle. Autrement dit les seigneurs et propriétaires de marais ne payaient rien sur les transactions marchandes, ils gardaient l’ensemble des bénéfices. Pratique non ? 

Mais si les terres étaient riches, il n’en était pas de même pour la population locale. En menant mon enquête dans les archives, je suis tombé sur un rapport datant de 1805 décrivant l’état des habitants. Selon ce document les habitants seraient pauvres mais avec une excellente santé, conséquence du travail du sel depuis des siècles. 

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Marais asséchés aux alentours de Saint-Jean-d'Angle (nico_la_rochelle).

C’est au XIXème siècle que les marais sont asséchés. Des infrastructures hydrauliques sont installées et transforment le paysage. Les marais laissent place à des prairies destinées à l’élevage !

Après avoir résumé l’histoire de Saint-Jean-d’Angle en quelques mots, il est temps de poursuivre notre visite. Et si je vous amenais découvrir les pièces de ce musée à ciel ouvert ? Autrement dit, je vais vous parler des lieux remarquables du village. Vous me suivez ? 

Les rues et le patrimoine de Saint-Jean-d'Angle : véritables pièces de musée accessibles à tous !

Connaître l’histoire globale d’une destination, c’est bien. Mais comme dans un musée, avoir les informations sur ce que l’on voit, c’est mieux ! Ainsi, dans ce dernier point je vous propose de pousser les portes des maisons et de remonter le temps. Allons à la rencontre des habitants des siècles passés … .

Pour se faire j’ai consulté les archives de la Charente-Maritime et celles de la BNF (Bibliothèque Nationale de France) de Paris. Les informations récoltées dans cette partie proviennent d’un recensement de population datant de 1851 et du site de généalogie geneanet.org.

Rue Maurice Ponte

Débutons par la rue principale ! Autrefois appelée « Grande Rue » elle a été rebaptisée au nom d’un célèbre physicien du XIXème siècle spécialisé dans les rayons X. 

Le long de cette rue certes passante, il y a de nombreuses habitations, de différentes dates et styles architecturaux. Tant d’histoires et de vies que je vous propose de découvrir maintenant. 

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C’est juste en face des halles marchandes du XVIème siècle que se trouve une ancienne maison de maître (à droite). 

Au XIXème siècle, la maison était la propriété de Jean Boussaud et Thérèse Guérine. Ils étaient âgés respectivement de 23 ans et 25 ans. Ce couple de cultivateurs avait une fille, Adélaïde. 

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24 rue Maurice Ponte (à droite) (nico_la_rochelle).

La famille devait être aisée puisque dans le recensement de 1851 une domestique – Marianne Nadaud, 15 ans – est inclue dans le foyer

N°26

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26 rue Maurice Ponte (nico_la_rochelle).

Non nous ne sommes pas au Far-West mais juste en face de l’église. C’est ici que vivaient une famille de propriétaires-exploitants. Dans les dépendances de la propriété qui fait l’angle de la rue du Four Fanal, il y avaient des boeufs et des chevaux mais aussi une distillerie d’eau de vie

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26 rue Maurice Ponte (nico_la_rochelle).

Cette famille était composée de Pierre-Joseph Torchut et Esther Bonnet. Leur demeure était assez importante (voir ci-après), ils étaient assez aisés puisqu’ils commerçaient directement avec Paris ! 

Le couple a eu 2 enfants. 

N°29 & 31

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29 et 31 rue Maurice Ponte (nico_la_rochelle).

Ici encore ces bâtiments hébergeaient 2 familles en 1851

Il y avait au n°29 un journalier célibataire de 47 ans : c’était Jean Rambaud (longère aux portes vertes).

Au fond, à l’emplacement de la maison de style plus moderne il y avait une autre famille qui s’était installée. 

Ce sont les Minguet qui sont implantés à Saint-Jean-d’Angle depuis des siècles ! À la fin du XVIIIème siècle ils ont été tour à tour marchands, tailleurs d’habits ou encore boulangers. Ce sont en somme de vraies figures locales. 

N°32

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32 rue Maurice Ponte (nico_la_rochelle).

D’après les informations que j’ai trouvé il y avait du monde sous ce toit : 2 familles. 

La première est celle formée par le couple Jean Borel et Marguerite Labbé, journaliers de 36 et 27 ans. Ils avaient un fils de 4 ans lors du recensement en 1851. 

Il y avait aussi une famille plus nombreuse dans cette petite maison. Benoît Audier, terrassier de 45 ans et Marguerite Coindreau, journalière de 44 ans. Ils avaient 4 enfants dans une paire de jumeaux. 

N°37

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37 rue principale (nico_la_rochelle)
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37 rue Maurice Ponte (nico_la_rochelle).

Personnellement je trouve cette petite maison tout simplement charmante ! Figurez-vous que cette bâtisse en coin de rue a une histoire assez sympathique, j’ai trouvé quelques informations sur ces habitants en 1851. 

Sous ce toit il y avait une famille de journaliers : Auguste Roux, 24 ans et Marie Jarzat âgée de 23 ans. Ce couple avait 1 fils, lui aussi prénommé Auguste alors âgé de 6 mois. Il deviendra marchand et maire de Rochefort. 

Rue du Four Banal

Quel drôle de nom de rue ! Mais savez-vous ce qu’était un four banal ? 

Retournons au Moyen-Âge. Le four banal était un four construit par le seigneur et à disposition des habitants. Ces derniers pouvaient l’utiliser pour leur pain et réchauffer leurs denrées alimentaires contre une redevance au seigneur : les banalités

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1 rue du Four Banal (nico_la_rochelle).

La maison principale de cette rue est ce que semble être un logis. Il s’agit de l’habitation appartenant à la famille Torchut-Bonnet, négociants de vins et éleveurs de boeufs et chevaux rue Maurice Ponte. 

Rue de l'église

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1 rue de l'église (nico_la_rochelle).

Au 1 rue de l’église, que vous pouvez voir ci-dessus, il y avait un ancien bâtiment du XVIème siècle. Ici les moniales accueillaient les pèlerins allants à Saint-Jacques de Compostelle en Espagne. Preuve en est avec une coquille saint-Jacques sculptée située au-dessus d’une porte de l’édifice.

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Coquille saint-Jacques (nico_la_rochelle).
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Ancien lieu d'accueil des pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle (nico_la_rochelle).

C’est dans cette rue qu’au XIXème siècle il y avait de nombreux habitants aux parcours de vie assez différents mais à la condition sociale assez similaire. 

Ici nous y retrouvons la trace d’une institutrice Mlle Louise Laprée par exemple. Mais j’y ai aussi retrouvé une famille de brassiers et propriétaires terriens : les Lescel. Il était marié à Mme Thérèse Terrier (ou Tessier). D’après les informations trouvées en archives, il semblerait que cette famille soient aisée puisqu’elle avait 2 domestiques : une femme de chambre-cuisinière et un homme à tout faire ayant respectivement 14 et 23 ans. 

Enfin j’ai aussi trouvé la trace d’une famille de maîtres maçons : les Brousseau. Ils avaient 2 apprentis de 20 ans chacun. 

Idée d'activité pour petits et grands ...

En dehors des richesses patrimoniales et culturelles de Saint-Jean-d'Angle, j'ai eu un véritable coups de coeur. En effet en sortant de la ville, route du château, un sentier de terre s'enfonce dans la campagne. Empruntez-le et continuez sur une centaine de mètres. C'est ici qu'entre champs et prairies je suis tombé nez-à-nez avec ... toute une ménagerie !
Moutons, chèvres, poules et cheval, ... il y a de quoi ravir parents et enfants.

Attention : Les animaux sont situés sur des parcelles privées, mais il y a la possibilité de les approcher derrière le grillage.

J'ai vraiment passé un bon moment en leur compagnie ! Je conseille vraiment pour toute la famille.

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La ménagerie au bout du chemin ... (nico_la_rochelle).
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... Accessible mais protégée par un grillage (propriété privée) (nico_la_rochelle).

Mon itinéraire balade

Après avoir lu cette balade, vous avez envie d’aller à la découverte de ce charmant village ? Je vous invite à découvrir la balade ci-dessous !

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Rue Maurice Ponte

1 – N°32 : Maison de Mr & Mme Borel et Labbé (journaliers).

2 – N°37 : Maison de Mr & Mme Roux et Jarzat (journaliers).

3 – N°26 : Distillerie et dépendances appartenants à Mr et Mme Torchut et Bonnet

4 – N°29 & 31 : Maison comprenant 2 familles : un journalier de 47 ans, Jean Rambaud & une partie de la famille Minguet (famille d’artisans et commerçants du village).

Rue de l’Église

5 – Ancien lieu d’accueil des pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle (bâti au XVIème siècle). À voir : la coquille Saint-Jacques gravée dans la pierre sur un linteau de porte au n°3. C’est dans cette rue que vivaient l’institutrice Louise Laprée et une famille de maîtres maçons avec leur 2 apprentis. 

Rue du Four banal

6 – N°24 : Ancienne maison de maître, propriété de Mr et Mme Boussaud et Grésine. Le foyer se composait d’1 fille et d’une domestique, Marianne Nadaud. 

7 – Empruntez la rue du Four banal et retournez-vous devant la grande maison à échauguette sur votre gauche. Il s’agit du « logis » appartenant à Mr Torchut et Mme Bonnet. La propriété allait jusqu’ici autrefois, elle devait donc être conséquente ! Admire les fenêtres à corniche avec leur décors Renaissance (XVIème siècle). 

Vers les animaux

8 – Au sortir de la rue du Four banal, tournez à droite en direction du château sur la D18. En face du parking prenez le sentier à votre gauche. Continuer entre champs et bois sur une centaine de mètres : vous trouverez les animaux ! 

9 – Allez jusqu’au bout du chemin et tournez à gauche route des Sables puis à droite route de la Couture.

10 – Rejoigniez le parking et la mairie par la rue des Luzignan.

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