Si je connais Saint-Sauvant dans le sud de la Vienne, jusqu'en décembre 2021 je n'avais pas encore mis un pieds chez son homologue charentais ! Et pourtant, ce charmant village niché au coeur du Val de Saintonge est une vraie pépite patrimoniale ...
C’est par un beau samedi d’hiver que j’arrive aux abords de Saint-Sauvant. Il est environ 11h30. Réflex autour du cou, carnet de note et pique nique dans le sac : me voilà fin prêt pour partir à l’assaut de cette ravissante localité labellisée « Petite Cité de Caractère« .
C’est avec un temps radieux quoiqu’un peu frisquet que j’arrive dans le village.
Malgré le froid, ce sont des conditions idéales pour mener mon enquête historique et patrimoniale.
Comme à mon habitude, dans cet itinéraire balade, je vais vous raconter ma visite des lieux sous forme de « guide de visite« .
Qui sait, cela vous donnera peut être envie de découvrir les lieux à votre tour !
Saint-Sauvant : Destination patrimoniale et confidentielle à quelques kilomètres de Saintes
Parcourir Saint-Sauvant, c’est plonger dans un vrai livre d’Histoire à ciel ouvert. Ruelles escarpées, petites places confidentielles ou chemins cachés : pas de doutes, ce petit village situé à 12km à l’Ouest de Saintes (20 min en voiture environ) est vraiment un terrain de jeu idéal pour les férus d’Histoire, de patrimoine et de nature.
Que vous soyez excursionniste solitaire, en couple ou une famille en vadrouille : accrochez-vous, vous allez en prendre plein les mirettes !
Saint-Sauvant, une histoire militaire et commerciale incroyable ...
Vous me connaissez : je ne peux pas parler d’une destination sans un petit laïus historique. En effet, un territoire est le fruit de son histoire au fil des siècles : un regard sur l’Histoire est primordial !
Encore une fois, Saint-Sauvant ne va pas échapper à la tradition …
Commençons donc par le commencement : direction l’Antiquité ! À cette époque, Saint-Sauvant n’existe pas en tant que tel. En effet, le village avait plutôt des airs de hameau champêtre dans la campagne gallo-romaine. Mais la localité devait être assez fréquentée et devait détenir des ressources intéressantes.
Comment je le sais ? Et bien tout simplement car Saint-Sauvant est situé en plein coeur de la vallée du Coran qui était un point central d’échange et de circulation le long de l’ancienne voie romaine « Via Agrippa » qui allait de Lyon à Saintes.
Le hameau devient « village » au début du Moyen-Âge (vers 750 à l’An Mil environ). C’est à cette période qu’est érigée l’Église du village encore debout aujourd’hui. De même, l’habitat se concentre sur un éperon rocheux sous forme de Castrum. Un Castrum est un village fortifié typique de l’époque médiévale.
Ci-dessous, vous trouverez une hypothèse de la délimitation du Castrum primitif qui est à l’origine de Saint-Sauvant :
Durant l’époque Moderne, l’économie du village évolue en passant d’une activité agraire à une activité artisanale. La spécialité locale ? Le traitement du chanvre pour confectionner des draps, du linge de maison ou encore des cordes par exemple.
Cet essor de Saint-Sauvant se voit aussi dans le tissu urbain : au XVIIème siècle les constructions prennent le pas sur la nature environnante.
En effet, un siècle avant la Révolution, de nombreux tisserands, cordiers, lissiers ou marchands d’étoffes s’installent en ville basse (selon des archives de 1640) et enclenchent la construction de 3 moulins à eau le long du Coran et du Pidou (voir ci-dessous).
Durant la Révolution, de 1789 à 1792, Saint-Sauvant change de nom pour devenir « Sylvain-La-Roche ». La période révolutionnaire n’a pas été de tout repos pour les habitants de Saint-Sauvant puisque des bandes de brigands sèment la terreur dans toute la France (ce sont les « Chauffeurs »). Ils profitent du chaos ambiant pour piller et dépouiller les bourgeois et nobles des campagnes. Par exemple, le logis de La Lorgner est attaqué et mis à sac en 1796.
Tiens, d’ailleurs, à Saint-Sauvant, comme dans toutes les localités rurales, il y avait des familles nobles. Nous y retrouvons les familles Du Châtel qui ont donnés des sénéchaux du village ; les De La Sablière, conseillers et procureurs du Roi ; les Pichon de Montereau, anoblis en 1700 ; les Ardouin de Bellevue ou encore les Dussault de la Mirande.
Le patrimoine agricole et artisanal de Saint-Sauvant préservé
Connaître l’Histoire d’un lieu lorsqu’on le visite c’est bien. Mais observer cette histoire à travers les pierres, au fil des rues en découvrant les richesses d’une ville ou d’un village c’est encore mieux !
Personnellement, avant de vadrouiller dans Saint-Sauvant, je ne connaissais RIEN de ce village. Et c’était volontaire de ma part : en clair, je me suis laissé guidé par mon instinct ! Ainsi, je vous ai listé quelques éléments du patrimoine local qui m’ont paru remarquables en dehors des sites conventionnels que les visiteurs découvrent habituellement.
Et croyez-moi, ça en vaut le détour. Saint-Sauvant regorge de trésors cachés qui ne demandent qu’à être ressuscités …
Saint-Sauvant : un territoire de Pierre et d'Eau en pleine vallée du Coran
S’il y a bien quelque chose que j’adore quand on parle de patrimoine rural et local : ce sont les lavoirs ! Véritables lieux de sociabilité jusqu’à l’arrivée de l’eau courante dans le village dans le milieu des années 1950’s, les lavoirs sont un pilier d’une société villageoise révolue.
En effet, imaginez les lavandières ou mères au foyer tapant le linge avec leur battoirs en bois en chantant des chansons. Les cris des marmots se mêlant aux clapotis et bruits de l’eau froide rythmaient aussi le paysage sonore des lavoirs d’antan.
Ce lavoir pouvait accueillir 10 personnes. Ces dernières étaient à genoux à même la pierre dans les emplacements réservés à cet effet (voir schéma ci-dessous).
Ce lavoir, on le trouve en longeant le Pidou et en remontant à l’Est du village en contrebas. En suivant les pancartes indiquants le jardin médiéval, je suis tombé sur ce bijou du patrimoine campagnard caché derrière une rangée de bambou et un peuplier. Vraiment magique et très apaisante comme vision !
N’empêche ça doit être rudement sympa au printemps et en été : les passants peuvent venir y prendre la fraicheur et l’humidité au bord du ruisseau !
Ce que je trouve vraiment chouette ici, c’est que ce lavoir a une particularité … En effet, il est directement relié à une source qui était potable jusqu’au milieu du siècle dernier. Néanmoins, même si l’eau paraît pure et claire, je vous déconseille de la boire.
Lors de votre visite de Saint-Sauvant, avant d’aller en ville haute, faites un petit détour par ce charmant lavoir, il en vaut vraiment coup. Je vous le conseille vraiment !
Les vestiges du patrimoine agraire et artisanal de Saint-Sauvant
Les lavoirs ne sont pas les seuls vestiges du riche passé agricole et artisanal de Saint-Sauvant au fil du temps. Les moulins et autres lieux de production agricole et artisanal ont survécus aux affres du temps et sont encore visibles dans le paysages de la commune.
Car oui, comme nous le disions plus haut, Saint-Sauvant a longtemps été une petite cité prospère d’un point de vue commercial avec des boulangers, bouchers, aubergistes, vignerons ou meuniers par exemple.
Tout d’abord, focus sur les moulins ! Ces moulins, nous pouvons encore les voir dans le paysage, aux alentours de Saint-Sauvant.
Ils servaient à moudre le grain pour fabriquer de la farine pour les boulangers du coin. Tous ces petits métiers pouvaient exister grâce à la présence de 2 moulins à bras (à hélices comme dans Don Quichotte !). D’ailleurs, les ruines d’un moulin à bras est encore visible sur un flan de la vallée du Coran : il s’agit du moulin de Croix-Échelle.
Ce que je trouve vraiment chouette avec ces moulins, c’est qu’ils ont été des piliers économique du village de Saint-Sauvant, et ce durant des siècles durant. Ces moulins ont en effet été en activité jusqu’aux années 1970’s.
Un habitat populaire et un bâti commercial très bien conservé ...
En complément de ces vestiges d’anciens moulins, ce qui m’a frappé, lorsque je suis descendu en « ville basse », ce sont les anciens bâtiments de stockage de chanvre, de blé ou de grain.
Pour découvrir ce petit patrimoine, descendez la Rue du Marché, puis tournez à droite dans la Rue du Grand Pont et admirez …
Certains bâtiment sont totalement à l’abandon alors que d’autres ont été parfaitement restaurés dans un style mêlant les éléments anciens (moellon et pierre de taille) et contemporains (verrières, vérandas, …). Ce mélange des genres est assez surprenant mais tout à fait charmant je trouve !
Outre ces anciens séchoirs et entrepôts attestants du passé commercial de la cité, vous pourrez aussi apercevoir des arcades en pierre de taille.
Ces anciennes bâtisses commerciales sont situées Rue du Grand Pont. Au rez-de-chaussée se trouvaient les échoppes avec un grand volet qui se rétractait le jour pour servir d’étal aux marchandises et remontait la nuit pour les protéger. Encore une fois, ces quelques arches témoignent de la prospérité du quartier et de Saint-Sauvant sous l’Ancien-Régime.
Personnellement j’aime beaucoup ces vestiges du passé qui dévoilent la vie d’un espace à un instant « T ». Ces indices architecturaux qui nous sont parvenus nous permettent d’imaginer la vie des habitants il y a quelques siècles : et ça c’est génial !
Enfin, ce que j’ai beaucoup aimé ici en déambulant dans les rues de Saint-Sauvant c’est cette impression de temps figé. Cette impression est d’autant plus palpable que nous pouvons y retrouver la traces d’anciennes échoppes plus contemporaines restées « dans leur jus« alors que d’autres ont été réutilisées et accueillent encore des artisans.
Encore une fois, ce mélange des genres qui règne ici est vraiment plaisant et dépaysant pour le coup : un vrai « bol d’air patrimonial » à chaque coin de rue. Et ça j’adore !
Passage au jardin médiéval de Saint-Sauvant ...
Le village de Saint-Sauvant est labellisé territoire de « Pierre et d’Eau« . Dans le point précédent, nous avons vu quelques éléments du patrimoine bâti rural. Mais qu’en est-il des autres types de patrimoine comme le patrimoine naturel ?
Car oui : la nature est aussi essentielle dans la composition du paysage urbain du village.
Preuve en est avec les Jardins Médiévaux que j’ai pu voir lors de ma découverte de Saint-Sauvant ! Pour accéder à ces jardins, il faut longer le Pidou : ils sont juste en face du lavoir ! Pratique non ?
Après vous être arrêtés quelques instants au lavoir, remontez en ville haute via un petit sentier bordé d’un mur de pierres plates. Sur votre droite, vous trouverez un charmant jardinet en terrasse composé de bacs à plantations.
Ces espaces coffrés de planches de bois sont destinés à accueillir des plantes et végétaux utilisés pour la teinturerie, la médecine ou en cuisine à l’époque médiévale.
L’époque médiévale est une mine d’or d’ingéniosité et de découvertes en terme d’utilisation des plantes. Ces dernières étaient utilisées dans la plupart des actions quotidiennes. Ainsi, vous trouverez ci-dessous une petite liste des principales plantes utilisées au Moyen-Âge :
Les plantes culinaires
Si l'on devait goûter la cuisine médiévale aujourd'hui, on trouverait surement que cette dernière est immangeable. Et pour cause ... la plupart des plats était non seulement hyper épicés (il y avait tout le rayon Ducros dans une soupe par exemple). Mais les saveurs étaient pour le moins très originales. On associait le sucré et le salé sans scrupules !
La plupart des mets étaient relevés de nombreuses plantes aromatiques cultivées dans les jardins des monastères. Par exemple vous retrouvons : de la pimprenelle très utilisée en salade ; de la livèche utilisée en ragoût qui a une saveur de céleri ; le Carvi dont les graines étaient utilisées dans les soupes, la fabrication du pain ou à picorer avec du fromage. Enfin, nous retrouvons aussi la guimauve qui est une plante vivace utilisée en tisanes !
Les plantes tinctoriales
Ces plantes sont utilisées du bas Moyen-Âge jusqu'au XIXème siècle (apparition des 1er colorants chimiques) pour apporter de la couleur sur les textiles. Ces plantes étaient cultivées aussi dans les jardins médiévaux
Ainsi, pour avoir du rouge, c'est la Garance qui était utilisée ! Pour créer du violet/bleu (le bleu roi n'existait pas au moyen-âge exceptée en pigment pictural), on utilisait le pastel. Enfin, le safran était utilisé pour teinter les tissus de couleur jaune/orange.
Pour compléter ces premières informations, au Moyen-Âge, on utilisait aussi des matières minérales comme la cochenille ou le coquillage "le pourpre" pour avoir du rouge !
Les plantes médicinales
En dehors des plantes tinctoriales et culinaires, les jardins médiévaux recelaient aussi de végétaux qui étaient utilisés dans les concoctions médicales.
Au Moyen-Âge, la médecine était bien différente d'aujourd'hui : elle était basée sur la théorie des "humeurs du corps". Selon les courantes de l'époque, le corps humain était composé de la bile jaune, la bile noire, le sang et le lymphe. Le tout étant proportionné équitablement en temps normal. Si un individus était malade, les médecins pesaient qu'il y avait un excédant d'humeur. On pratiquait donc des onguents, potions à bases de plantes ou des saignées pour évacuer le "trop plein" d'humeur et rééquilibrer le tout.
Ainsi, dans les jardins des monastères, les plantes pouvaient aussi soigner puisqu'elles servaient à la fabrication des potions. La plante phare de l'époque médiévale était la mandragore qui soignait un peu "tout". À savoir la fièvre, le stress ou les maux en tous genres. De même, la camomille était utilisée pour calmer les soucis d'intestins et digestifs. Enfin, l'hysope qui était connue pour soigner les soucis de poumons ou au foie. Cette plante purgeait les organes.
Tiens au fait, le saviez-vous ? La majorité des connaissances médicales de l'époque médiévale nous sont parvenus par les écrits d'une femme : Hildegarde de Bigen. Elle était guérisseuse vers 1100 ! Incroyable non ?
Des statues à l'effigie de grandes figures locales !
À Saint-Sauvant il y a du patrimoine bâti et naturel qui s’entremêlent. Mais quelque chose m’a beaucoup surpris lorsque je suis arrivé devant la mairie du village. Deux bustes sculptés sont présent sur le parvis, juste devant la bâtisse de ce qui était avant une ancienne école de fille.
Ces deux bustes ont été sculptés par Mr Bouyer en 2002. Ils représentent respectivement deux illustres personnages de la commune au XIXème siècle. J’aimerais donc vous les présenter car en dehors de la belle qualité de la réalisation, l’histoire de ces deux individus sont très intéressantes !
Le 1er buste est celui de Mr Gustave Fort. Ce charmant monsieur était un homme de Lettre puisqu’il était poète. Il naît en 1834 à Saint-Sauvant et s’unit à Paris à Alice Demolinis.
Il rédige 9 ouvrages poétiques entre 1922 et 1944 !
En dehors de son activité littéraire, Mr Fort est connu pour avoir été sous-chef de bureau au Ministère des Fincances.
Le deuxième buste représente le Dr Achille Aubert. Il est aussi originaire de Saint-Sauvant. Cet homme est connu pour sa découverte du Phéniode (désinfectant), utilisé en masse durant des vagues de choléra qui touchent l’hexagone en 1854 et 1855.
Mais comme Mr Aubert est aussi passionné de viticulture, il expérimente des actions pour sauver les cépages français et saintongeais. Pour son aide dans ce domaine, il reçoit également la médaille du Mérite Agricole !
À voir, À faire à Saint-Sauvant tout au long de l'année ...
Après avoir mis en avant le « petit » patrimoine rural remarquable du village, je ne pouvais pas rédiger cette balade sans vous parler des trois sites phares qui font le charme de la commune.
Ici, je vais donc vous donner des informations sur l’église du village, la Tour Carrée et la Grotte Naturelle située en contrebas, le long du Pidou. Ce sera aussi l’occasion ici de vous relater ma visite sur les trois lieux. Comme à mon habitude je serai sans filtre afin de vous immerger au mieux dans ces excursions …
Allez, c’est parti !
Une Église impressionnante qui domine le village de Saint-Sauvant ...
Le visage d'un site religieux remarquable
Cette église est, je pense, LE site le plus connu de Saint-Sauvant (en témoignent de nombreux selfies ou posts Instagram la mettant en scène par exemple) !
N’empêche, elle en jette cette église lorsqu’on arrive de la place du Marché en remontant par la rue de la Raison. Située en haut de la rue, sur la gauche, elle est précédée d’un porche médiéval assez joli qui donne un cachet indéniable à cette charmante église. L’édifice religieux est construit au XIIème siècle et est consacré à saint Sylvain, évêque de Gaza.
J’aime beaucoup cette église, je la trouve très belle avec son portail sculpté et sa nef centrale. Elle est simple, sans fioritures mais très élégante à la fois !
Pour la petite histoire, la présence d’une communauté chrétienne au Haut Moyen-Âge est confirmée par la présence de sarcophages mérovingiens aux pieds de l’église (sur les deux zones herbeuses).
Une fois les sarcophages passés, avant de rentrer à l’intérieur de l’église, arrêtons-nous quelques instants devant le portail. Ici, deux choses m’ont étonnées.
Tout d’abord le linteau du portail de l’église est finement travaillé et très bien conservé avec des frises sculptées aux motifs floraux ressemblants à des fougères.
La seconde chose qui a retenue mon attention est l’aspect général de l’église. En effet, sa structure à changée au fil du temps. Par exemple, une porte a été comblée sur la façade à gauche (voir photo ci-dessous).
De même, en menant mon enquête dans les cartes postales, je me sois rendu compte qu’il y avait un bâtiment qui était accolé sur la façade droite du chevet mais qui a été détruit depuis. Peut être s’agissait-il de l’ancienne sacristie (espace dédié à la préparation du culte avant la messe) ?
Le c(h)oeur de l'Église de Saint-Sauvant ...
Allez hop ! Après avoir observé l’extérieur de l’église de Saint-Sauvant, il est temps de renter à l’intérieur.
Une fois la porte en bois poussée, j’ai été frappé par la simplicité des lieux : excepté l’exceptionnel retable en marbre et recouvert de feuilles d’or. Ce retable est de style baroque à baldaquins (les 4 décors courbes soutenant la croix chrétienne).
Ce contraste est vraiment saisissant comparé aux murs complètement nus. De même, il n’y a pas de chaire et les bancs seigneuriaux sont très simples. Un vrai petit air d’arrêt sur image plane au coeur de cette église : comme si le temps s’était figé, comme si les lieux avaient été laissés en l’état.
Comme moi, n’hésitez pas à déambuler dans les transepts. Vous y trouverez des statues de saints ainsi qu’une très belle statue de Jeanne d’Arc très bien conservée (Johanette de Vouthron de son vrai nom !).
Petite particularité : je suis tombé sur une drôle d’échelle au coeur de la nef. Cette échelle permet d’accéder à une porte dans le vide. Il s’agit en réalité de l’accès à la charpente de l’église. C’est par ici que passait le curé pour sonner le tocsin pour appeler les fidèles à la messe !
Personnellement je trouve cette manière de faire très sympa : on imagine bien l’homme d’Église en soutane et sandales monter l’échelle !
La visite de cette église est vraiment sympa. À mon sens, la visite dure entre 20 et 30 min environ !
La Tour Carrée : un témoignage de l'Histoire de Saint-Sauvant ...
Après avoir vu l’église du village, si nous descendions au niveau de la place du Marché, en bas de la rue de la Raison ? C’est ici que se trouve – au détour d’une impasse sur votre droite – une vrai curiosité patrimoniale …
Bienvenue devant la « Tour des Sorcières » ou la « Tour Carrée » ! Édifiée au XIIème siècle pour surveiller les rives du Pidou et le val du Coran, elle serait un vestige d’un ancien château seigneurial dépendant d’une baronnie de Saintonge.
En m’approchant de cette tour, je me suis aperçu de quelque chose d’assez singulier : son aspect à changé au fil des siècles. En effet, d’abord érigée avec un chemin de ronde entre créneaux et mâchicoulis (comme on peut le voir actuellement encore), la tour a été rehaussée avec un toit pyramidal quelques siècles plus tard.
Cette tour est vraiment surprenante car elle est plutôt de taille modeste (16m2 environ par niveau). De plus, quelque chose m’a intrigué : l’aspect extérieur de l’édifice est visible, mais qu’en est-il de l’intérieur ?
Étant bien décidé à regarder ce qu’elle cachait, j’ai gravis les quelques marches qui me séparaient de la porte d’entrée que vous voyez sur la photo ci-dessus. Seulement il y avait un problème : cette porte était fermée. Comment faire ?
Après avoir observé mon environnement, j’ai vu qu’il y avait un trou en haut de la porte de la Tour. Pile poil pour y glisser l’objectif de mon appareil photo ! Génial. Vous me connaissez, ce n’est pas une porte fermée qui allait m’empêcher de voir ce qui se tramait derrière …
Ni une, ni deux, je suis allé chercher des pierres que j’ai empilées les unes sur les autres contre la porte de manière à avoir un escabeau de fortune (comme les loutres avec les galets !). En montant sur ce tas de pierres j’ai enfin pu prendre en photo l’intérieur de la tour. Victoire !
Voici donc le rez-de-chaussée de la Tour de Saint-Sauvant :
Bien entendu il va de soi qu’aucune détérioration n’a été engendrée pour prendre la photo.
Ce que je trouve étonnant ici, c’est que nous sommes en présence d’une pièce aux airs à mi-chemin entre une salle de réception (ou une cave) et une prison. Et pour cause, cette dernière à servit de prison jusqu’aux années 1870’s. En témoigne d’ailleurs l’extrait de cadastre napoléonien de 1804 ci-dessous que j’ai pu retrouver en archives :
La Grotte Naturelle : Le val du Coran, berceau de l'Humanité !
Après mon aventure pour prendre en photo l’intérieur de la Tour Carrée, je suis redescendu au parking principal (qui servait de champs de foire) par un petit escalier taillé dans la roche.
C’est ici, à quelques mètres du Pidou, que j’ai pu découvrir un site plus inattendu pour un petit village comme Saint-Sauvant. Il s’agit de la Grotte Naturelle qui se trouve juste en dessous de la mairie et de l’ancienne école des filles.
Cette grotte est une illustration parfaite de l’intérêt des populations pour Saint-Sauvant depuis des millénaires. En effet, la vallée du Coran a été habitée très tôt par les premiers Hommes sous les règnes de Néandertal et Cro-Magnon. Tiens, d’ailleurs, vous saviez qu’en 1979, on avait retrouvé Pierrette en 1979 à 2km du village de Saint-Sauvant ? Il s’agit d’un squelette d’une femme ayant vécu il y a -35 000 ans ! Fou non ?
Ce qui est étonnant ici, c’est que je n’ai trouvé AUCUNE information concernant son utilisation au sein du village. Je peux donc émettre l’hypothèse que la cavité a pu servir de chai et de distillerie conserver des vins et spiritueux au XIXème siècle ?
En tout cas, toujours est-il que cette grotte est quand même à voir si vous êtes de passage à Saint-Sauvant !
La vie des habitants de Saint-Sauvant au fil des siècles
Comme je le dis souvent par ici pour ceux qui ont l’habitude de lire mes articles ou mes balades sur le blog : s’intéresser au pierres c’est bien, mais s’intéresser aux humains qui l’ont façonné, c’est encore mieux !
Ainsi, à travers cette balade, je vous ai présenté mon petit périple au sein du village de Saint-Sauvant. Mais qu’en est-il de l’histoire de ces habitant(e)s au fil des siècles ?
C’est ce que je vous propose de découvrir ici avec 2 anecdotes inédites : vous me suivez ?
Le restaurant de Mme Primaud ... Souvenir d'un patrimoine populaire disparu
Pour débuter cette série d’anecdotes, j’aimerai vous faire part d’une trouvaille que j’ai faite par hasard en cherchant dans l’histoire du village. Accolée à l’ancienne école communale, il y avait un café-restaurant.
D’après une carte postale retrouvée sur Delcampe.fr, ce commerce était encore sur pieds au début des années 1900’s. Ce qui est vraiment chouette, c’est qu’en y prêtant attention, nous avons encore la trace des bases des murs de l’édifice … En effet, ce qui est actuellement un petit jardin était la salle de restaurant ! Les murs délimitent les anciennes proportions de l’établissement. Je ne sais pas vous, mais moi je trouve ça fou.
Ce qui est encore plus génial, c’est que j’ai pu mener ma petite enquête en archives, et j’ai pu trouver des informations complémentaires. À l’aide des actes de recensement de 1906 (date approximative de la carte postale ci-dessus), j’ai pu retrouver la trace des propriétaires de l’époque. Il s’agissait de Mme Léonie Perrinaud (ou Primaud) qui tenait boutique avec son mari Mr Gustave Veillon. Les deux étaient recensés comme « hôteliers restaurateurs ». En 1906, Léonie vivait seule avec sa belle mère, Henriette Bouyer née en 1830 et sa fille prénommée Marcelle.
Ainsi, au vue de la datation de la carte postale ci-dessus, il se pourrait fortement que Mme Primaud, sa belle-mère et fille soient présentes sur la photo sur le pas de la porte du restaurant.
Saint-Sauvant et le pays des Francs Maçons !
Pour cette seconde anecdote, nous allons aller de l’autre côté de l’actuelle place du Marché. Nous allons parler d’un ancien corps de bâtiments qui est aujourd’hui divisé en plusieurs parcelles appartenants à plusieurs propriétaires.
Ces bâtiments blottis entre la rue de la Raison et la rue des Francs Garçons auraient pu abriter une ancienne Loge Maçonnique dans les années suivants la Révolution Française.
Je préviens de suite, pour éviter les malentendus, l’ensemble des informations divulguées sont des hypothèses basées sur des éléments retrouvés en archives.
Voici le tracé des bâtiments concernés :
La première trace d’une loge maçonnique dans le village de Saint-Sauvant remonte au XVIIIème siècle, et plus précisément en 1793. Les Francs maçons se seraient installés dans une maison appelée « Maison des Cordeliers« .
D’après le document que j’ai retrouvé, les membres de cette organisation s’appelaient « les frères et amis de la Liberté« .
Ici, plusieurs éléments concordent pour dire que cet îlot urbain (dont une partie est occupée aujourd’hui par l’hôtel des Francs Garçons) a peut être été un lieu de rassemblement des Francs Maçons à la fin du XVIIIème siècle. Tout d’abord, le nom de la rue des Francs Garçons pose question. Serait-ce une déformation du terme « Franc (M)açons » ? J’avoue que la similitude est assez troublante. Cependant, je n’ai pas trouvé d’informations à ce sujet.
De plus, un autre élément peut corroborer la présence des Maçons dans les lieux. En remontant rue de la Raison, je suis tombé sur un indice supplémentaire … Une drôle de linteau sculpté avec plusieurs inscriptions étranges (limite mystiques !).
Ici, sur ce linteau de porte, nous pouvons voir deux éléments qui pourraient nous mettre sur la piste des Francs Maçons.
Avant de débuter l’analyse du linteau, j’aimerais rappeler que les Francs Maçons sont une sorte de corporation (secte pour certains) ayant été constituée en 1717 en Angleterre (date de la rédaction de la « Grande Loge de Londres »).
Comme nous l’avons dit, ici, deux indices me font penser à la présence franc-maçonnique à l’intérieur de cette demeure. Tout d’abord, à gauche du linteau, vous pouvez voir une drôle d’inscription.
Je ne vous cache pas qu’à l’heure ou je rédige cette partie, j’ai encore du mal à déterminer sa signification. Mais en faisant quelques recherches et en me basant sur des connaissances en grec ancien, j’ai peut être trouvé une piste plausible.
Il s’agirait donc de trois lettres grecques (utilisée dans les symboles des Francs Maçons). De gauche à droite nous avons la représentation des lettres suivantes :
- Epsilon (∑) ou Xi (𝛏), lettre qui n’existe pas dans notre alphabet
- Rho (𝛒)
- Delta (𝛅)
Étrange non cette présence d’inscriptions grecques en plein milieu d’un village de Saintonge ?
Et bien, chers lecteurs, cette inscription peut attester de la présence maçonnique ici ! En effet, les lettres grecques sont utilisées fréquemment par la Loge. De plus, la lettre « Delta » est un des emblèmes iconiques de l’organisation (mais si, vous savez, le triangle avec un oeil dedans !).
Ainsi, d’après mes recherches, il s’agirait d’un code secret caché sous la forme d’une enseigne de boutique ! Autrement dit, seuls les initiés peuvent décrypter le code inscrit ici. Les Francs maçons étaient ainsi abrités des soucis et persécutions de leur temps : malin non ?
Le seconde indice que j’ai pu relever sur ce linteau est une autre inscription plus discrète à droite. Il s’agirait d’une représentation d’une maison ou d’un symbole en forme de pyramide (Delta). D’après mes recherches, c’était très fréquent chez les Francs-Maçons comme vous pouvez le voir ci-dessous dans ce document retrouvé sur Gallica.fr :
Enfin voilà, avec ces quelques indices évoqués ci-dessus, je peux émettre l’hypothèse qu’il y avait, autrefois, une ancienne loge maçonnique dans cette ancienne demeure en plein coeur du village de Saint-Sauvant.
Bien entendu, cette théorie est à prendre avec des pincettes et je serai ravi d’avoir plus amples informations qui viendraient enrichir cette histoire de loge franc maçonne …
Et voilà, cette balade à Saint-Sauvant s’achève. Bien entendu, je n’ai pas tout découvert ici. J’aurai simplement essayé de vous montrer MA vision et de vous montrer MA visite de ce charmant petit village du coeur de Saintonge !
Pas de doutes, on ne (re)vient pas ici par hasard. Il y a comme une ambiance spécifique que je n’ai pas retrouvée ailleurs. Comme une impression de quiétude et de tranquillité.
Ce sentiment de véritable pause en dehors des espaces urbains est exacerbée par une conservation exceptionnelle du patrimoine local de Saint-Sauvant.
Entre l’Église, la Grotte, les lavoirs, les moulins et j’en passe, … il y a de quoi passer un chouette moment ici dans la Vallée du Coran et du Pidou.
Vraiment je vous recommande cette destination pour vos escapades en famille …
Télécharger la fiche balade
Avant de vous quitter, comme à mon habitude ici, je vous ait préparé non pas 1 itinéraire balade … mais bien 2 ! Chaque point évoqué dans l’article sont repris et vous pourrez y découvrir quelques informations inédites.
N’hésitez pas à télécharger le document ci-dessous au format PDF pour l’avoir avec vous lors de votre visite à Saint-Sauvant !